Il y a quelques jours, le désormais nouveau président des Etats-Unis fixait à ses partisans un ultime rendez-vous. Une manière de remercier ses milliers de volontaires éparpillés dans tout le pays. C'est une tradition aux Etats-Unis, à laquelle même son adversaire malheureux n'a pas dérogé. John McCain en a profité pour reconnaître sa défaite et féliciter le vainqueur. A Grant Park, un immense espace de 4,5 km sur 2 km en bordure du lac Michigan, véritable mer intérieure et à quelques mètres de Michigan Avenue, la principale artère de la ville, Obama ne s'est pas contenté d'annoncer sa victoire, il est venu en parler. Peu avant qu'il fasse son apparition sur l'immense scène, ses partisans connaissaient déjà la bonne nouvelle. Ce qui était étonnant, c'est leur sérénité, ils n'en ont jamais douté. Nous les avons vus arriver à Grant Park avec la certitude que ce soir-là, ils allaient célébrer une victoire. Ils ne venaient pas. Ils déferlaient, au point d'apparaître comme une marée humaine tous âges, communautés et couleurs confondus. On a alors pu observer, à travers un échantillon grandeur nature, l'électorat de Barack Obama. Ils ont mis les grands moyens. Ils se sont rués sur les vendeurs de tee-shirts et de pin's à l'effigie d'Obama. Une manière de revendiquer leur appartenance et de donner des couleurs à cet immense rassemblement, et aussi de la voix en attendant que le meeting commence. Ils ne savaient plus quoi célébrer, leur victoire ou leur idole. Peut-être les deux à la fois puisqu'il y en avait, parmi cette foule, qui se laissaient aller à d'autres rêves, jusqu'à la révolution. Pourquoi pas, se disait-on, puisque pour cette soirée le rêve est permis. D'autres s'en prenaient aux « politicards de Washington » revendiquant une autre politique. Le changement encore. Et en attendant le rêve, le détail de cette élection semble déjà connu. Ce sont en effet les jeunes et même les plus jeunes qui ont envahi et occupé mardi l'espace de Grant Park, comme cela apparaît rarement à travers le monde. Une jeunesse qui a faussé tous les calculs puisqu'on disait d'elle, peut-être parce qu'on le croyait en toute bonne foi, qu'elle vivait loin de la politique. Elle est là, présente et revendique une autre politique, celle qui continuera à donner un sens au fameux rêve américain et préservera l'image de leur pays à l'étranger. Ce message est adressé à celui qui a su leur parler. Saura-t-il répondre à toutes ces attentes ?