Le jeune Karim Chikh, directeur des éditions APIC, avoue avoir eu une année difficile. Au Salon international du livre d'Alger (SILA), qui s'est achevé jeudi 6 novembre, ses éditions se sont contentées d'un petit stand. « Cette année est passée trop vite pour nous. L'animation culturelle du Festival national de littérature de jeunesse nous a pris tout notre temps », a-t-il expliqué, lors d'une rencontre en marge du SILA. Expliquant les complications liées à l'édition en Algérie, il a estimé nécessaire l'élaboration d'une véritable politique autour du livre dans le pays. « Je ne vais pas redire ce que tout le monde sait : manque de librairies, de bibliothèques... Partout dans le monde, le premier acheteur chez l'éditeur est l'Etat. L'Etat doit acheter les livres à travers les ministères, les communes, les wilayas, les écoles, les universités. C'est une énergie à canaliser », a-t-il souligné. Cependant, il a prévenu contre le risque de tomber dans ce piège sournois : « Produire ce que l'Etat veut acheter ». « Si on le fait, on va recourir à l'autocensure et réfléchir comme des marchands. En tant qu'éditeur, je me considère comme un véhicule du savoir. J'essaie de construire quelque chose dans mon coin », a-t-il noté. Karim Chikh ne croit pas à la faiblesse du lectorat en Algérie. « Le problème est lié au cheminement et à la diffusion des livres. Je produis un roman à 1000 exemplaires qui traînent pendant trois ans. On ne va pas me dire qu'il n'existe pas 1000 lecteurs en Algérie ! Au SILA, l'affluence est énorme. Il y a autant de monde que dans un Salon de véhicules », a-t-il observé. Il faut, selon lui, trouver les moyens d'acquérir le lectorat en dehors du SILA et le diriger vers les librairies. Les éditions APIC travaillent actuellement pour enrichir leur catalogue de titres de littérature africaine. « Il est temps de s'intéresser à ce qui se passe dans notre continent. Même si certains auteurs ne vivent pas dans leurs pays, ils produisent en Afrique. Ils ont dépassé les problématiques intérieures. Ils traitent de leurs sociétés respectives, mais avec l'expérience de ce qu'ils vivent dans les pays d'accueil », a expliqué Karim Chikh. Cette année, les éditions APIC ont publié l'essai de l'historien israélien Ilan Pappe Le nettoyage ethnique de la Palestine, déjà paru en Grande-Bretagne et en France. Ilan Pappe, maître de conférences à l'université de Haïfa pendant 23 ans avant de quitter le pays pour le Royaume-Uni, y dénonce les « politiques de déportation et d'expulsion » pratiquées par les autorités israéliennes depuis 1947. Autre essai publié par les éditons APIC, Impérialisme humanitaire, droits de l'homme, droit d'ingérence, droit du plus fort ? du physicien belge Jean Bricmont. Cet essai est préfacé par le célèbre linguiste américain Noam Chomsky. « Ce livre propose de démêler un certain nombre de confusions idéologiques fort répandues, surtout dans les milieux progressistes, sur les thèmes des droits de l'homme et des rapports entre l'Occident et le reste du monde ». Jean Bricmont a écrit également Impostures intellectuelles avec Alain Sokal.