La fille de la victime est également présente, les yeux rivés sur l'accusé. Appelé à la barre, Boudjemaâ, âgé à peine de 12 ans, relate d'un ton calme et posé la relation tumultueuse qu'entretenait sa défunte mère avec le prévenu. Son témoignage est précis : « Il la battait souvent. La nuit du crime, il m'a forcé à quitter la maison. » Samedi dernier, le tribunal criminel de Sidi Bel Abbès a statué sur une affaire qui avait suscité une immense émotion au sein de la population de la localité d'El Malah (ex- Rio Salado), à Aïn Témouchent. C. Abdelwahid, 41 ans, maçon dans l'un des nombreux chantiers de la localité d'El Amria, qui a avoué les faits lors de l'instruction, est accusé d'homicide volontaire. Jugé et condamné à perpétuité, une première fois en 2006, il décide d'introduire un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême. Crâne dégarni, regard perçant et veste noire, l'accusé reconnait avoir porté des coups violents à la victime, Fatna, mais sans intention de la tuer. « On vivait ensemble depuis huit ans et, à aucun moment, l'idée de tuer Fatna ne m'a effleuré l'esprit », dit-il au juge. « Ce n'est que le lendemain matin que je me suis aperçu qu'elle (la victime) avait des difficultés à respirer. J'ai tout de suite appelé un ami médecin pour l'ausculter », poursuit l'accusé. Il reconnaît également ne pas avoir été « dans un état normal » après une soirée passée à boire au bord de la plage de Terga, en compagnie de la victime. Cette dernière, plus âgée que son amant, a succombé à un traumatisme crânien, selon l'expertise médicale sollicitée par le tribunal, un traumatisme provoqué par de violents coups de poing assénés à la victime. « Deux coups de poing au visage et un violent coup de pied à la poitrine », note le représentant du ministère public, M. Sebahi, qui qualifie le geste du prévenu d'« impardonnable et injustifiable ». Lors du procès, le juge rappelle à l'accusé qu'il a fait l'objet auparavant de plusieurs condamnations pour violence et agressions physiques, faisant référence à son casier judicaire. « C'est peut-être pour cela qu'on vous a renvoyé des rangs de la Garde républicaine ? », lance-t-il à l'accusé qui paraît presque étonné par une telle question. L'avocat de C. Ablwahid, Me Zeddoun, estime que son mandant n'a nullement eu l'intention de tuer sa concubine. « Le fait d'avoir ramené un médecin à la maison prouve que l'accusé était loin de vouloir la mort de sa compagne », tente-il d'expliquer avant de plaider les circonstances atténuantes. Mettant en exergue la gravité des faits, l'avocat général a conclu son réquisitoire en requérant une peine de prison à perpétuité. Après délibération, le tribunal rend son verdict, en condamnant C. Abdelwahid à la réclusion à perpétuité.