Le chef du gouvernement présentera la démission de son gouvernement au chef de l'Etat après l'adoption de la nouvelle Constitution par le congrès parlementaire. A moins d'un miracle, la nouvelle Constitution sera adoptée aujourd'hui. L'Assemblée populaire nationale et le Conseil de la nation se réunissent aujourd'hui au Palais des Nations, à Alger, en session consacrée à la présentation et au vote de la loi portant révision de la loi fondamentale. Les observateurs sont unanimes: tous les ingrédients d'un «oui», sont réunis. La preuve: les partis politiques se font la course à celui qui annoncera le premier son soutien au projet initié par le président de la République. Les partis de l'Alliance majoritaire à la Chambre basse, étaient les premiers à applaudir cette initiative, avant même l'annonce officielle par le chef de l'Etat. Le FLN de Abdelaziz Belkhadem, le RND de Ahmed Ouyahia et le MSP de Bouguerra Soltani annoncent qu'ils «ne changeront jamais leur position». Mieux encore, «nous ne ménagerons aucun effort afin de réussir le projet du Président». Les voix des trois formations, à elles seules, suffisent pour faire passer le projet de révision comme une lettre à la poste. Pourtant, à ces voix, celles d'autres formations se sont jointes au compteur. Ces formations ne veulent pas rater le train...même en marche. Après une période de tergiversations, le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune a rejoint les rangs de l'Alliance présidentielle en apportant son soutien au projet dans le fond, mais rejette la forme. En effet, le PT aurait aimé que l'amendement se fasse par voie référendaire car «l'actuelle APN n'est pas représentative». Il faut bien justifier ses positions. «Le PT votera ´´oui´´ pour défendre la souveraineté nationale, l'unité et la pérennité de la République algérienne (...) et vise avant tout à servir les intérêts de la nation», soutient Louisa Hanoune. Ainsi, les députés du PT viennent d'apporter de l'eau au moulin. L'Alliance se retrouve renforcée. Fidèle à sa conduite, le groupe parlementaire des Indépendants réitère son «plein soutien» au projet. Lors d'un point de presse organisé hier à l'APN, les députés «Indépendants» ont réaffirmé: «Nous n'avons pas changé de position. Notre soutien au Président ne date pas d'aujourd'hui.» Cependant, la «surprise» vient du FNA. Le parti de Moussa Touati ne sait plus sur quel pied danser. Après avoir exprimé son «refus» aux amendements apportés, le FNA adopte un revirement, 24 heures avant le jour J. Fier comme un coq, le FNA a décidé avant-hier, d'approuver les amendements proposés. «Il a été décidé à la majorité de voter en faveur du projet de révision constitutionnelle initié par le président de la République.» Justifiant ce changement d'attitude, le FNA explique que cette décision obéit à la nécessité de «préserver les intérêts de la Nation et du peuple ainsi que les acquis réalisés en termes de paix et de stabilité des institutions». Décidément, les voies de la politique sont impénétrables. En effet, les frères ennemis, le FFS et le RCD, se sont mis tacitement d'accord pour «rejeter» le projet de révision de la Constitution. En fin de compte, la révision est acquise. Le vote d'aujourd'hui ne sera qu'une simple formalité. Comme le sera la démission de Ahmed Ouyahia de la chefferie du gouvernement après l'adoption de la nouvelle Constitution par le congrès parlementaire. En effet, Ahmed Ouyahia devrait être reconduit à la tête de l'Exécutif, mais cette fois en tant que Premier ministre. Ahmed Ouyahia sera chargé d'assurer la continuité et de préparer la présidentielle de 2009. A noter que la réunion du Parlement intervient en application du décret présidentiel portant sa convocation, signé samedi dernier par le président de la République. Elle intervient également après l'avis motivé du Conseil constitutionnel qui a déclaré que les amendements de la loi fondamentale ne portent aucunement atteinte aux principes généraux régissant la société algérienne, aux droits et libertés de l'homme et du citoyen, ni n'affectent d'aucune manière, les équilibres fondamentaux des pouvoirs et des institutions. Le sujet de la révision de la Constitution étant clos, il reste au Président Bouteflika de briser le silence et d'annoncer sa candidature officielle pour briguer un troisième mandat.