L'Algérie vient d'entrer officiellement en récession… une récession politique bien évidemment. Il ne s'agit pas bien entendu pour nous du ralentissement économique qui caractérise les grands pays de ce monde. Nous en sommes bien loin pour l'instant. Mais pour être dans la récession, voilà que nous y sommes, nous aussi, à notre façon. A chaque système ses crises, sommes-nous tentés de dire. Au système économique basé sur le libre-échange à la Thatcher tombé en disgrâce ces derniers mois, il faut des correctifs et des aménagements nouveaux de régulation de la mondialisation financière par l'entremise des Etats. C'est le cas actuellement des Etats-Unis, des pays de l'Union européenne, de la Chine, du Japon, etc. En tout cas, c'est le lot des pays ayant subi les contrecoups de la crise et qui sont donc exposés à la récession économique, même si des nations comme la nôtre ne manqueront pas d'être affectées par de futures décisions. Mais l'Algérie spécifiquement ? Notre si cher pays, lui, est en récession (politiquement) ! Politiquement, en effet ! Comme notre crise – c'est connu – est une crise de pouvoir, la récession politique a été reconnue quasi-unanimement. Les députés des deux Chambres du Parlement viennent d'adopter à la majorité de 500 voix une révision constitutionnelle qui consacre une ouverture sans limite du nombre de mandats présidentiels. Et ce n'est pas là la seule caricature possible. Nos dirigeants politiques ont agi presque à l'identique de leurs homologues étrangers : ils ont révisé la Constitution comme les autres ont revu leurs législations sur la régulation financière, ils ont voté un plan de sortie de crise du pouvoir comme leurs semblables pour la crise financière et mis les moyens pour produire « du pouvoir » comme les Occidentaux en ont fait pour stimuler la création de richesses et faire redémarrer l'activité. Sauf que la comparaison, ici, n'autorise que les paradoxes : les uns avancent et les autres reculent. Les uns qui se départissent de leur religion de « la dictature du marché » pour passer à la nécessaire intervention de l'Etat pour mieux réguler les affaires économiques. Et les autres qui n'arrivent pas à désapprendre leur credo de monopole politique afin de respecter le principe universel « d'alternance au pouvoir » ou « d'alternance démocratique ». Encore une comparaison. Si en effet on peut mettre aujourd'hui 2 à 3 ans pour se remettre d'une récession économique, on ne sait pas combien il en faut pour juguler la « récession politique ». Mais si, enfin, on avait les deux récessions à la fois ? Généralement, la première implique la seconde. C'est presqu'une fatalité. Nous ne sommes donc pas encore en récession, mais nous avons sa génitrice. Le congrès d'hier devait être fécond.