L'Algérie a enregistré de bonnes performances économiques depuis plusieurs années, mais « les autorités ne devraient pas pour autant dormir sur leurs lauriers », a souligné hier Joël Toujas-Bernaté, chef de mission du Fonds monétaire international (FMI). Les bonnes performances se sont poursuivies en 2008 avec une croissance totale qui s'établira autour de 3% (6% hors hydrocarbures) et un taux d'inflation ne dépassant pas les 4%, relève le FMI. Ce tableau risque cependant d'être assombri par la crise internationale et son impact sur les cours du pétrole, qui ont amorcé une tendance baissière. Les projections du FMI sont sans équivoque : si les prix du baril de l'or noir continuent à dégringoler, l'Algérie n'aura plus les moyens de sa politique budgétaire expansionniste. « Une diminution importante des recettes pétrolières pourrait affecter à terme la croissance par le biais d'un ralentissement du programme d'investissements publics (PIP) », avertit l'institution de Bretton Woods. Il incombera dans ce cas au « gouvernement algérien de prendre certaines mesures conservatoires au cas où la conjoncture mondiale devait rester durablement défavorable », souligne encore le FMI. L'Exécutif algérien sera ainsi appelé à « rationaliser de façon accrue les dépenses publiques », « une meilleure maîtrise des dépenses courantes » ainsi qu'à « une mobilisation encore plus efficace des recettes fiscales hors hydrocarbures », préconise l'organisme dirigé par le Français Dominique Strauss-Kahn. En somme, l'Algérie pourrait avoir à adopter une politique d'austérité budgétaire dictée par la décroissance de ses revenus qui, rappelons-le, proviennent à plus de 95% des hydrocarbures. « Le gouvernement aura à déterminer quelles sont les priorités en matière de dépenses publiques. Il pourrait être amené à les hiérarchiser pour voir lesquelles sont prioritaires et lesquelles peuvent attendre », explique M. Toujas-Bernaté, qui indique néanmoins qu'il ne juge pas nécessaire de « ralentir les dépenses publiques dans l'immédiat ». La diversification de l'économie algérienne est plus que jamais d'actualité, insiste la même source. « La crise actuelle souligne l'impératif de diversification de l'économie, qui est encore très dépendante du secteur des hydrocarbures », note le FMI. « Le défi majeur de l'Algérie, à moyen terme, est donc d'assurer une croissance hors hydrocarbures forte et soutenable afin de réduire davantage le chômage et d'accroître le niveau de vie de la population », poursuit, plus explicite, le FMI. Ce dernier continue à défendre un désengagement de l'Etat des secteurs financier et industriel, même si les membres de la délégation qui a séjourné en Algérie reconnaissent que la conjoncture actuelle n'est pas favorable à ce genre de réformes structurelles. Pour l'exercice 2009, le FMI prévoit une croissance moindre que celle de l'année en cours et ce, en raison de la baisse des exportations d'hydrocarbures. Mais en dépit de cette donne, certaines tendances économiques devraient rester favorables l'année prochaine, poursuit-on. Interrogé sur la polémique concernant la valeur du dinar, M. Toujas-Bernaté a indiqué que la position du FMI sur cette question rejoint celle de la Banque d'Algérie, qui assure que « le taux de change effectif réel du dinar est actuellement à son niveau d'équilibre à moyen terme par rapport à l'évolution de certains fondamentaux tels que le cours du pétrole et les dépenses publiques ».