La campagne d'importation de la semence de pomme de terre démarre dans une ambiance mitigée. Contrairement aux dernières années, l'arrivée du premier navire est presque passée inaperçue. L'engouement habituel n'est plus de mise chez les fellahs qui, habituellement, sont pris d'une frénésie contagieuse. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet engourdissement. Tout d'abord, les agriculteurs mettent en avant les retombées de la dernière campagne, rappelant qu'elle fut laborieuse, voire catastrophique pour les récoltes de saison. En effet, si les récoltes précoces ont été écoulées dans un marché très favorable, il n'en sera pas de même pour la suite de la campagne. Dans les régions intérieures de Maghnia, Aïn Defla, Chlef ou Mascara, les fellahs auront réellement côtoyé la catastrophe. Avec des prix en chute libre et une surproduction encombrante, la pomme de terre avait été écoulée entre 5 et 10 DA le kg seulement. N'était l'intervention inespérée du ministre de l'Agriculture qui ordonna la prise en charge et le stockage en chambres froides de centaines de milliers de tonnes de produit, des centaines de producteurs auraient définitivement mis la clé sous le paillasson. Malgré quelques ratages savamment orchestrés par les incontournables spéculateurs, le marché continue d'être régulièrement approvisionné, y compris après l'entrée sur le marché de la récolte d'arrière-saison. Le cours du marché La campagne de semence fut très pénible pour les multiplicateurs qui auront beaucoup de difficultés à écouler les milliers de tonnes récoltées. Echaudés par le marché, les fellahs ne se bousculeront pas pour planter dans une conjoncture défavorable. Alors qu'habituellement le prix de vente de cette semence locale oscillait entre 35 et 55 DA, rares furent les producteurs qui l'écoulèrent à plus de 25 DA. Vendue à perte, cette semence ne provoquera nullement l'engouement habituel. C'est dans cette ambiance délétère que le premier navire chargé de 3 000 tonnes vient d'accoster ; il sera suivi par un autre bateau dimanche prochain. Jamais le marché n'aura été autant craint par les importateurs qui n'ont aucune indication sur la tendance. Pourtant, c'est chez eux que se trouve le déclic qui fera bouger le marché. Tout le monde guette la fixation du prix de vente dont l'impact sur le cours du marché sera déterminant pour la suite de la campagne. Pour être suffisamment attractif, il devrait se situer entre 6 500 et 7 500 DA le quintal. L'an dernier, certaines variétés rouges ont été écoulées en seconde main jusqu'à 15 000 DA. Pour le ministre de tutelle, le seul impératif est d'assurer l'importation d'au moins 75 000 tonnes de semence. C'est ce seuil minimal qui nous mettra à l'abri d'une mauvaise campagne. Pour le port de Mostaganem, par lequel transitent 70% des importations, on s'attend à l'arrivée d'une vingtaine de navires.