La prochaine campagne d'importation de semences de pomme de terre risque encore une fois d'être totalement compromise. En effet, les producteurs et les importateurs qui se sont réunis à Aïn Defla mercredi dernier auront constaté les dégâts en commentant le dernier arrêté émanant du ministère de l'Agriculture, par lequel la tutelle fixe de nouvelles normes applicables aux plants de pomme de terre d'importation. Rappelant qu'en son temps, l'arrêté du 23 janvier 2005 avait totalement perturbé le programme d'importation durant l'année agricole 2005/2006. Des perturbations qui auront eu pour conséquences, un retard dans le plan de production, notamment pour les zones précoces, l'introduction de la pomme de terre de consommation dans le circuit de la semence et la mévente de plus de 10 000 tonnes de semences importées qui n'auront pas trouvé preneur. Ceci, en raison de l'arrivée tardive des semences mais également à cause des prix appliqués par certains opérateurs véreux. On se rappelle que certains n'auront pas hésité à vendre le quintal à 7 500 DA. Les conséquences de cette perturbation, le consommateur est en train de les constater à son corps défendant. Cette hausse prévisible des prix à l'étalage n'aura surpris personnes. Mais, pendant que les opérateurs, regroupés au sein d'une association nationale des importateurs et exportateurs de pomme de terre (ANIEP), s'affairaient à organiser la campagne d'importation qui démarre habituellement à la mi octobre, un nouvel arrêté est curieusement mis en circulation. Au lieu de corriger les failles de l'arrêté du 23 janvier 2005, celui actuellement en instance de publication au SGG, ajoute des complications supplémentaires que certains opérateurs auront assimilé à du sabotage. Ni plus, ni moins. Difficultés infranchissables En effet, la lecture qu'en a faite le secrétaire général de l'ANIEP devant un parterre d'association de producteurs et d'importateurs, ne laisse planer aucun doute sur les difficultés infranchissables que le ministère de l'agriculture venait d'ériger. Ces contraintes concernent l'institution de 4 calibres (35, 40, 45 et 50) dont la rigidité excessive a été dénoncée par l'ensemble des participants qui auront ponctué leur réunion par la signature d'un document à l'intention du ministre de l'agriculture. Document à travers lequel ils lui demandent de surseoir à l'application du nouvel arrêté et à revenir à celui du 23/01/05 tout en ménageant une alternative sur le nombre de tubercules par sac. Nombre que les opérateurs fixeront à 600 tubercules pour les variétés oblongues exclusivement. A l'appui de leur plaidoyer, les opérateurs se disent convaincus que les organismes de certification européens ne pourront délivrer les papiers de voyage de la semence destinée à l'export avec un calibre fixe. Car dans la plupart des législations, voire la totalité, il est universellement admis que la pomme de terre est conditionnée dans un calibre unique qui peut être du 28/35 -destiné à l'usage interne- et dont le prix de cession peut atteindre 4 fois celui du calibre 55, qui était en vigueur depuis des lustres- et le calibre 35/55 qui a toujours été retenu par la plupart des pays importateurs, dont l'Algérie. Un opérateur fera remarquer, à juste titre, que si l'année dernière, les semences puisées dans le stock des multiplicateurs nationaux avaient réussi à se frayer un chemin jusqu'au fellah, il n'en sera pas de même cette année puisque aucun producteur ne peut rester insensible au marché actuel. Les quelques 35 000 tonnes de semences locales sur lesquelles pouvait compter le ministère pour sortir de l'impasse auront pris la direction du marché de gros où le kg se négocie à plus de 55 DA. Une véritable aubaine qui n'aura laissé insensible aucun opérateur.