La confusion régnait hier matin au Parti socialiste français à l'issue du deuxième tour des élections internes qui devaient départager Martine Aubry et Ségolène Royal, les deux candidates au poste de premier secrétaire du parti. Avec 50,02% de voix, la maire de Lille est arrivée en tête, mais avec une très légère avance face à sa concurrente Ségolène royal qui a récolté 49,98% des voix. A peine les résultats rendus publics dans la nuit de vendredi à samedi que Manuel Valls, un des lieutenants de Ségolène Royal, est monté au front pour dénoncer la fraude. En ligne de mire, la puissante fédération du nord de la France et celle des Alpes Maritimes. Refusant de reconnaître les résultats, Ségolène royal a appelé, pour sa part, à l'organisation d'un troisième tour en vue de lever toutes les équivoques et les suspicions. Les partisans de Martine Aubry ont exclu cette option, considérant que leur candidate a bel et bien gagné les élections d'une façon légale et transparente. Samedi matin, le PS s'est réveillé avec la gueule de bois. Pour tenter de trouver une solution et éviter d'exacerber les divisions, François Hollande, premier secrétaire sortant, a convoqué une réunion où devaient participer tous les membres du conseil national. Objectif : vérifier de nouveau les résultats du vote et les valider d'ici une semaine. Pour sa part, Danielle Vaillant, maire du 18e arrondissement de paris et actuel porte-parole du PS, a avoué que les résultats sont extrêmement serrés et qu'il est difficile de dire qui a vraiment gagné et qui a vraiment perdu dans la mesure ou les résultats finaux n'ont pas vraiment été contrôlés. Idem pour Julien Dray, un autre député socialiste proche de Ségolène Royal. Il a indiqué que « Martine Aubry n'a pas gagné ». Mais dans l'autre camp, on n'entend pas les choses de la même oreille. Razy Hammadi, membre du conseil national du parti, qui soutient Mme Aubry, a expliqué que la victoire de la maire de Lille ne souffrait aucune irrégularité et qu'un troisième tour est totalement exclu. Alors que le PS s'enfonce chaque jour un peu plus dans la division et offre un spectacle désolant aux Français, ses militants craignent qu'il ne disparaisse à jamais. C'est le cas de Céline, qui est partie voter la mort dans l'âme : « Au lieu de nous unir contre la politique ultra-libérale de Sarkozy et de son gouvernement, nous voilà en train de voter pour départager deux des nôtres. » Elle ajoute : « Peu importe le gagnant, une chose est désormais sûre : le Parti socialiste sera divisé en deux obédiences, ce qui va compliquer davantage ses espoirs d'union en vue de revenir aux affaires en 2012. » L'amertume ne diffère pas chez une autre militante encartée au PS depuis les années soixante. Elle trouve le spectacle qu'offrent les deux dames pitoyable et digne de deux marâtres. Elle accuse François Hollande de « faiblesse » et de « démagogue équilibriste ». « Les choses ne se seront jamais passées de cette manière-là au temps de feu Mitterrand et de Jospin. Désormais, c'est surtout la course au pouvoir qui prime au détriment des intérêts du parti et, par conséquent, des militants et de l'ensemble des français. » Après son échec aux législatives, à l'élection présidentielle en 2007 et la « fuite » de plusieurs de ses cadres vers Nicolas Sarkozy, le PS n'a que deux choix devant lui : survivre ou disparaître.