Selon les faits consignés dans l'arrêt de renvoi, l'accusé, K. C. Fernandez, un Camerounais âgé de 21 ans à l'époque des faits, a mortellement poignardé un riverain dudit faubourg au cours d'une bagarre. Il a lui-même reçu des coups de couteau que lui aurait porté la victime. Les deux belligérants ont été évacués par l'ambulance de la Protection civile vers le service des urgences médico-chirurgicales du centre hospitalier d'Oran. L'accusé a été appréhendé lors de son admission à l'hôpital, après que la victime a succombé à ses blessures. Le mis en cause venait à peine d'arriver à Oran après avoir passé quelques jours dans la ville marocaine de Casablanca, où il n'est pas parvenu à un accord avec les dirigeants de l'équipe de football locale au sujet de sa prime de signature. Il avait rallié la capitale de l'Ouest avec l'intention de discuter avec les responsables d'un club oranais des conditions financières de son éventuelle incorporation. K. C. Fernandez a comparu le 19 novembre dernier devant le tribunal criminel siégeant au niveau de la cour d'Oran, sous le chef d'accusation d'homicide volontaire. Vêtu d'un survêtement bleu et de chaussures de sport, l'accusé donnait l'impression de ne pas comprendre exactement ce qu'il lui arrivait. Assisté d'une interprète, il déclare d'emblée : « Il s'est jeté subitement sur moi avec l'intention de me dépouiller. Je me suis défendu, je ne porte pas de couteau, c'est le sien. Il l'a perdu dans la bagarre et je m'en suis emparé. » Appelé à la barre en qualité de témoin, le frère de la victime déclare pour sa part : « Il a tenté de nous agresser. Il nous a attaqués pour nous voler. » Le représentant du ministère public a mis en évidence les déclarations contradictoires de l'inculpé avant de requérir une peine de 20 années de réclusion criminelle. Le jeune avocat de la défense, commis d'office quelques minutes avant l'ouverture de l'audience, a souligné que son mandant « n'avait aucune raison de tuer », avant de plaider la légitime défense et de demander la renomination du chef d'accusation en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Il importe de rappeler qu'à l'époque des faits, quelques instants après l'annonce du décès de la victime, des groupuscules de jeunes surchauffés à blanc ont convergé vers le lieu du drame pour mener une expédition punitive. Ils ont pris d'assaut les hôtels et les habitations où toute une communauté d'immigrants subsahariens, pour la plupart des clandestins, avait élu domicile. Il a fallu l'intervention des forces anti-émeutes, qui ont bouclé tout le périmètre englobant Sidi El Houari et ses abords immédiats, pour maîtriser la situation. Des dizaines d'interpellations avaient été opérées par la police parmi les émeutiers, parmi lesquels figuraient des Subsahariens en situation irrégulière. En réalité, de prétendus inconditionnels des Fennecs, qui avaient eu vent de l'histoire du meurtre, figuraient en grand nombre parmi les assaillants. Ils n'avaient vraisemblablement pas digéré la défaite que venait de concéder l'équipe nationale de football face à son homologue du Gabon au stade Ahmed Zabana. Ils avaient, pour cette raison, décidé de s'en prendre à ces ressortissants africains. Notons que la défaite de l'équipe nationale était synonyme de son élimination à sa participation à la Coupe d'Afrique des nations.