Les déclarations du ministre français de la Défense sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires nous renvoient aux révélations, en décembre 2007, de l'ancien ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet. A Echourrouk El Yaoumi, le diplomate annonçait l'envoi d'experts sur les lieux des explosions nucléaires dans le Sahara pour enquêter sur les dégâts causés aux habitations. Il a également déclaré que la France projetait d'aider l'Algérie pour le traitement des effets des essais nucléaires. Ces révélations de M. Bajolet intervenaient suite à la visite de Nicolas Sarkozy en Algérie, durant laquelle le président français a demandé à son homologue algérien de séparer le dossier des essais nucléaires de Reggane de la coopération dans le domaine du nucléaire civil. Mais il reste que, malgré la disposition de Paris à indemniser, des problèmes subsistent. D'abord, le ministre français de la Défense précise bien que les indemnisations ne bénéficieront qu'aux victimes ayant été exposées lors des essais. Ce qui exclut toutes les personnes qui souffrent des effets lourds et durables dans le temps. Il n'existe malheureusement aucun listing détaillé des maladies et décès causés par les essais, plus de quarante ans après. « Les cas de stérilité chez les femmes, les cancers, les malformations de nouveau-nés sont devenus depuis des décennies banals dans les régions du grand Sud », confiait une spécialiste médicale à Tamanrasset. L'étendue des dégâts reste encore inconnue. Le quotidien Le Parisien-Aujourd'hui en France avance le chiffre de 100 000 civils et militaires qui ont pris part aux essais nucléaires français entre 1960 et 1996. Or, des estimations citées par la presse nationale avancent le chiffre de 30 000 victimes algériennes de ces expériences. Une autre bataille attend les victimes algériennes, elles qui n'ont même pas un statut... ni une statistique.