Après huit kilomètres de route déserte en quittant le CW128, on atteint le douar de Boumhani qui relève de la commune de Aïn Zaouïa, à 50 km à l'extrême sud de la wilaya de Tizi Ouzou. Le premier signe d'un malaise social ne s'est pas fait attendre. Il s'est de lui-même offert à nos yeux. Peu avant la reprise des classes vers 12 h 45, un camion de type K120 aménagé, en partance à Draâ El Mizan est stationné devant une espèce de kiosque. Des dizaines de collégiens et lycéens se précipitent vers le véhicule qui n'est finalement, que le transport scolaire. Attiré par le flash de l'appareil photo, le receveur, ne se doute plus des visiteurs. « Je souhaiterais signaler un problème que personne ne semble vouloir prendre en charge : des voyous montent dans nos bus scolaires. Ils s'en prennent aux lycéennes et ce n'est pas à moi de rétablir l'ordre ». Un fait qui est aussitôt confirmé par des lycéens qui sont accourus, incités par les plaintes du receveur. Outre cet aspect d'insécurité, le problème du transport scolaire se pose avec acuité dans cette localité. La flottille est composée d'un matériel vieillissant et ne repond pas aux besoins de toute la collectivité. Le parc communal comporte 4 minibus de 25 places et de 2 camions aménagés : un K120 et un K66. La collectivité assure très mal le transport de près de 700 lycéens et collégiens dont 400 issus du douar de Boumhani. Les lycéens et les membres du comité du douar estiment : « En plus de l'insuffisance du nombre de véhicules, le confort laisse à désirer à bord de ces camions. C'est un véritable calvaire que nous endurons chaque jour que Dieu fait », dit l'un des lycéens. Ces derniers parcourent entre 3 et 4 km à pied avant d'arriver à l'arrêt de bus, en venant des différents hameaux afin de rejoindre les lycées Hamdani, Melah et le téchnicum dans la commune de Draâ El Mizan. Le premier camion démarre à 7h. Entassés à 72 élèves dans un seul véhicule, certains bravent le danger en voyageant sur le marchepied d'un camion bondé d'élèves. Arrivés dans leurs établissements, ces adolescents se disent complètement « sonnés ». Un camion qui n'arrête pas de cahoter jusqu'à vous donner la nausée, un vent glacial qui vous gerce la peau, la fumée du camion rabattue par le vent dans l'habitacle… ce n'est vraisemblablement pas un voyage des plus commodes. Pas moins de 1000 élèves entre collégiens et lycéens sont transportés dans des conditions désastreuses. La surcharge des minibus et camions a été accentuée par l'annulation, semble-t-il, des fameuses subventions qui permettaient aux APC, depuis l'année dernière, de louer les services des opérateurs privés. « Nous agissons par péréquation avec le parc existant. La situation s'est compliquée depuis que la subvention, qui nous permettait de contracter avec les transporteurs privés a été annulée. Elle n'a pas été reconduite cette année », déplore le 1er vice-président de l'APC de Aïn Zaouïa. Toutefois, l'élu préconise : « Probablement, nous allons exposer ce problème devant l'exécutif de wilaya le 1er décembre 2008. » Fraîchement installé, le chef de daïra qui avait signifié aux membres du comité que le transport scolaire ne devrait pas être pris en charge par l'Etat a été saisi à cet effet. Seule mesure prise par l'APC, pour atténuer la charge aux ménages contre un service public imputé de confort et de sécurité, est l'instauration d'un tarif symbolique de 5 DA pour l'ensemble des potaches et une carte de gratuité de transport pour les orphelins et démunis. Autre solution proposée, l'internat. Pas moins de 80 places ont été dégagées, mais les élèves disent qu'ils ne veulent pas passer d'un embarras à un autre. Pour les représentants du village, « la situation est intenable pour nos enfants. Elle se répercute sur leurs rendements scolaires. Aïn Zaouïa, notamment Boumhani accuse beaucoup de retard. Nous souhaitons que les services de wilaya se tournent une bonne fois pour toute vers ces régions de l'extrême sud », conclut le président du comité.