Les prix du pétrole ont poursuivi hier leur chute pendant que le marché continue à comptabiliser les mauvaises nouvelles pour l'économie mondiale. La dernière mauvaise nouvelle en date est celle du chiffre important concernant la perte d'emplois durant le mois de novembre aux Etats-Unis. Vers 16h GMT, les prix du pétrole reculaient encore vers la barre des 40 dollars le baril. Le light sweet crude était à 42,01 dollars, tandis que le brent était à 40,77 dollars. A 16h30 GMT, le brent atteignait le seuil des 40 dollars. Aucun facteur haussier ne s'annonce pour soutenir les cours du pétrole. Le marché pourrait tester, durant la semaine prochaine, la plage située en dessous, entre les 30 et les 40 dollars. En 5 jours, soit du lundi au vendredi, les prix du pétrole ont perdu près de 14 dollars. Les pays membres de l'Opep assistent, impuissants, à cette chute brutale des prix, une chute qui va trop vite et qu'il leur sera très difficile de rattraper. Avec une baisse aussi importante de la demande, une récession qui devient contagieuse et qui touche tous les coins du globe, on voit mal comment les prix pourraient reprendre de sitôt dans la mesure où, dans les principaux grands pays développés, la consommation recule de plus en plus. La Chine, sur laquelle l'Opep avait placé beaucoup d'espoir, est touchée par la crise même si l'impact n'est pas aussi important qu'ailleurs et que les prévisions de croissance portent sur une fourchette de 8 à 10% pour 2009. Mais il est clair que la crise dans les grands pays développés affectera les exportations chinoises. La principale cause de la baisse actuelle des prix du pétrole se situe aux Etats-Unis. L'économie américaine est en train de subir un désastre, selon plusieurs observateurs américains, si l'on en juge par les chiffres de l'emploi. En novembre, les pertes d'emplois ont été de 533 000 (chiffre le plus élevé depuis 1974, après le choc pétrolier de 1973) alors que les analystes tablaient sur des pertes situées à moins de 350 000 emplois. Plus grave encore, les chiffres concernant les pertes d'emplois des mois précédents ont été corrigés à la hausse. Le chiffre des pertes d'emplois du mois de septembre, qui était de 284 000, a été révisé à 403 000 emplois perdus ; celui du mois d'octobre, qui était de 240 000 a été révisé à 320 000. En trois mois, l'économie américaine a perdu près de 1,3 million d'emplois. Le taux de chômage rendu public est de 6,7% (le plus élevé depuis 1993). Cette situation influe quotidiennement sur le marché pétrolier, qui voit les prix dégringoler par rapport à leurs records de l'été 2008. Ils ont perdu plus de cents dollars. En termes de moyenne annuelle, ils ont perdu plus de 65 dollars.L'Amérique est le premier consommateur de pétrole brut dans le monde avec 25% de la production mondiale. Ainsi, ni la baisse des taux d'intérêts annoncée jeudi par la Banque centrale européenne (BCE) ni la baisse des stocks pétroliers américains, qui auraient dû être des facteurs de hausse du prix du pétrole, n'ont eu d'influence sur le marché. Pour aider à la reprise, la BCE a réduit jeudi son taux directeur de 0,75% à 2,50%. Mais d'un autre côté la récession risque de se prolonger en zone euro avec le recul prévu du PIB de 0,5%. La Banque d'Angleterre a été plus audacieuse en portant son taux directeur de 3 à 2%. Devant cette situation, l'Opep ne peut espérer redresser la situation à court terme en fonction de son objectif d'un baril situé entre 70 et 90 dollars. Mais si elle ne veut pas voir les prix baisser encore plus, l'Opep sera obligée d'imposer une discipline à tous ses membres pour le respect de la réduction décidée le 24 octobre et le respect de la réduction qu'elle a programmée pour la réunion d'Oran, le 17 décembre. Sur un autre plan, la participation des pays producteurs non membres de l'Opep, notamment la Russie, devient une nécessité pour stabiliser le marché et éviter de très graves problèmes aux pays producteurs de pétrole, mais aussi pour éviter l'effondrement de l'industrie pétrolière, avec toutes les conséquences que cela aurait pour la sécurité mondiale des approvisionnements à moyen terme. Au niveau national, le fait que le prix du baril de pétrole se rapproche de la base sur laquelle a été conçue la loi de finances 2009 signifie que le Fonds de régulation sera sollicité plus que de coutume et verra son volume diminuer. Les réserves de change subiront, elles, des nivellements dans la mesure où les recettes du gaz, qui seront comptabilisées durant le 1er semestre 2009, seront basées sur le prix du pétrole du second semestre 2008. Mais l'équilibre pourra être retrouvé si les pays de l'Opep, qui déclarent quotidiennement la nécessité de réduire la production, respectent les décisions prises par l'Organisation. Hier vers 17h30 GMT, le baril de light sweet crude était à 41,93 dollars tandis que le brent était à 39,99 dollars le baril, des prix du niveau de ceux du mois de janvier 2005.