La Casbah d'Alger ne servira plus de centre de transit ; elle sera réhabilitée selon le plan de charge avalisé par les hautes autorités du pays », a déclaré à El Watan, M. Meziane, wali délégué de Bab El Oued, en charge du dossier. Et d'ajouter : « Elle bénéficiera de tous les égards en dépit de son statut institutionnel actuel. » En effet, de « délégation spéciale », rattachée directement dans un passé proche au cabinet du wali d'Alger, l'organisme chargé de la restauration et de la réhabilitation de la vieille ville, désigné aujourd'hui de « cellule », est passé sous la coupe de la wilaya déléguée de Bab El Oued. Toutefois, le wali d'Alger en est le premier responsable du fait que le dossier lui est soumis régulièrement et qu'il est l'ordonnateur principal des dépenses. La cellule se compose d'architectes et d'ingénieurs, spécialistes dans la restauration des sites historiques, de sociologues, d'historiens ou encore de psychologues qui suivent de près cet important projet. « Cette équipe est la cheville ouvrière de la cellule », souligne M. Méziane. D'aucuns décrient, cependant, la lenteur du chantier que subit la Médina, et ce, au moment où des demeures d'une grande valeur historique s'écroulent presque quotidiennement, à jamais. Pour le wali délégué, le « gros » du travail est déjà fait, à savoir la restauration des principales mosquées, les diar les plus célèbres de la cité (les palais turcs) ainsi que les fontaines publiques, dont la célèbre aïn de Bir Djebbah. Ainsi, la salle de prière de la mosquée Sidi Ramdane sera livrée en fin janvier 2005, de même que le minaret du mausolée de Sidi Abderrahmane. Les travaux concernant d'autres sites, à savoir dar El Kadi, dar El Hamra, l'ex-école Hammouche qui officiait dans un « palais », seront terminés au courant du 1er trimestre 2005. Des entreprises rompues à l'art de la restauration comme la Sorem (ex-DNC), Ecotrebeo et Ecoteh s'occupent de la réalisation et travaillent en étroite collaboration avec le Cneru. La wilaya déléguée de Bab El Oued s'attelle par ailleurs à nettoyer la vieille ville. Plus de quarante dépotoirs et autres décharges sauvages ont ainsi été éliminés grâce au concours de Netcom et des directions des travaux publics et de l'hydraulique de la wilaya d'Alger. Vingt et un entreprises publiques et privées sont mises à contribution afin d'enlever les monticules de gravats entreposés ici et là depuis plus de 20 ans. Celles-ci, ayant souvent recours au travail manuel de leurs employés, ont déjà évacué 28 396 m3 de gravats pour la seule période du 28 octobre 2004 au 20 décembre 2004. Cette opération, souligne encore le wali délégué, est soutenue par la présence permanente d'une police de l'urbanisme et de l'environnement composée de 12 agents. La grande lessive est en pleine vitesse de croisière et devra toucher la totalité des sites « infectés ». Des aires de détente y seront érigées. Ces « poches » permettront à La Casbah de mieux « respirer » et, du coup, sa préservation sera plus facile à maintenir, soutiennent les experts. Et ses occupants ? Une lancinante question qualifiée d'ailleurs de vrai casse-tête par les pouvoirs publics dans la mesure où la protégée de l'Unesco a de tout temps servi de « centre de transit ». « Nous ne permettrons plus jamais aux gens de squatter les demeures de la Médina. Par contre, l'Etat prendra en charge le relogement des familles dont les maisons sont irrécupérables. Ceux qui occupent des bâtisses appelées à être réhabilitées devront rester sur les lieux. L'Etat a assez investi en matière de logement social, à cause, justement, d'une gestion irrationnelle de ce mégaprojet », tranche le wali délégué. Le côté artisanal n'étant pas en reste, les concepteurs de la restauration de La Casbah planchent actuellement sur le retour des petits métiers qui constituaient, autrefois, la cheville ouvrière des z'nikat. Les dinandiers, les tanneurs, les couturiers, les ébénistes, ou autres artisans dont l'activité est intimement liée à l'histoire de la Citadelle, viennent d'être reçus par le wali délégué. Le but étant de préparer leur réinstallation dans les meilleures conditions possibles. Reste le palais du Dey ou le centre de gravité de La Casbah, construit en 1516 par Khaïr Eddine, et dont la restauration est du ressort de ministère de la Culture. Le département de Khalida Toumi compte donner un coup de fouet à cet important édifice qui a abrité de 1816 à 1830 le siège du gouvernement de la Régence d'Alger.