La localité de Aïn Taya ne s'attendait pas à pareil événement : un enfant a été sauvagement tué par un aliéné. Les comptes rendus faits par la presse, au lendemain de l'effroyable acte qui a coûté la vie à Islam, n'en finissent pas d'étonner par un sens du détail surprenant. Il importait, à l'occasion, de ne pas réduire cet acte à un fait anodin, mais de lui donner, tout compte fait, une vraie résonance et de rappeler l'ampleur prise par le phénomène partout en Algérie. Les attaques commises ainsi par des personnes fragilisées sur d'autres, qui le sont encore plus, augmentent. L'acte met en évidence la mauvaise, sinon l'inexistence d'une prise en charge des malades mentaux qui errent sur la voie publique. Interpellé sur la prise en charge de ce phénomène, un psychiatre s'en sortira par une pirouette : « L'Etat qui ne prend pas en charge les gens ''normaux'', ne peut rien faire pour cette catégorie autrement plus vulnérable ». Les rangs de ces malades ne cessent de grossir. Les licenciements, le terrorisme, les brimades participent à alimenter ce terreau propice aux maladies mentales. Et ce ne sont pas les rares rencontres entre spécialistes qui vont faire changer les choses. Les agressions contre les personnes et les actes de cannibalisme continuent. Les comptes rendus de presse parlent d'émoi et de gens sous le choc. Mais que peut-on faire après ? Rien, absolument rien. Mettre des brigades spéciales aux trousses de ces personnes et en fin de parcours les emprisonner comme suggéré ailleurs ? L'option pénitentiaire ne peut absoudre d'Etat d'une réelle prise en charge médicale. Mais là aussi, l'Etat est aux abonnés absents. Preuve en est la déclaration du P/APC de Aïn Taya qui a tenu à rassurer la population, en indiquant qu'il a adressé des correspondances au wali. Mais la bureaucratie peut-elle tout régler ? Les élus s'en remettent dans ce cas, comme dans d'autres, à leurs supérieurs pour ne rien entreprendre. Toute action menée a besoin de l'assentiment des responsables hiérarchiques. Retardant pour longtemps la prise de décision. Et la sérénité de la société ? Pour un philosophe, un peuple qui prend ses enfants par la main est un peuple qui vivra longtemps. L'Etat qui ne prend pas en charge ses malades court à sa perte.