C'est parce que le regretté Sfindja était un professeur hors pair, aujourd'hui ignoré par le public algérien, que l'illustre musicien et musicologue Sid Ahmed Serri a voulu qu'un hommage lui soit rendu. Le maître estime que Mohamed Benali Sfindja est son arrière-arrière-grand-père spirituel puisque son professeur, le regretté, Abderrezak Fekhardji, a été l'élève de Mohamed Bentefahi qui lui-même a été le disciple de Sfindja. C'est en fait, un chaînon qui n'a jamais été rompu. Sid Ahmed se désole de constater que les dernières et les actuelles générations ne connaissent rien de l'homme. « Nous avons tenu à marquer cette date importante car sans Sfindja, le répertoire d'Alger n'aurait pas existé ». « La musique andalouse, dira-t-il, continue d'être enseignée dans des conditions précaires ». L'Etat se doit de prendre en charge cette musique. « Cette dernière se doit d'être enseignée dans les écoles ». Né à Alger en 1884, Sfindja était l'élève du maâlem Abderrahmane Menemeche. Initié à l'art de la çanaâ, il excella dans la nouba et dans tous les genres apparentés à celle-ci. Joueur de kwitra, il forma plusieurs musiciens qui deviendront plus tard des monuments. Parmi ses disciples juifs et musulmans, citons maâlem Saûl Durant, alias Mauzino, Abderrahmane Saïdi, Mohamed Ben Teffahi, Edmond Yafil. Ce dernier ne voulait pas que Sfindja disparaisse sans laisser derrière lui une empreinte. Il aida ainsi Yafil à rassembler l'ensemble des textes des mélodies du corpus de la çanaâ dans un livre édité en 1904, une des sources les plus sûres en ce qui concerne les poésies chantées. Poussé par Edmond Yafil, Sfinja enregistra des disques en 1901, laissant un nombre appréciable d'enregistrements qui regroupent tous les genres de la çanaâ. Ainsi, la soirée sera animée par une soixantaine d'élèves issus des trois associations musicales, en l'occurrence El Fen El Açil (Koléa), El Anadil (Chéraga) et El Fekhardjia (Alger) et ce sous la direction de Sid Ahmed Serri. Des associations qui donneront, à coup sûr, le meilleur d'elles-mêmes. La première partie de la soirée sera réservée aux trois associations en question qui interpréteront de douces Inqilabate et Insirafate sous le mode dil. Le clou de la soirée sera, incontestablement, le passage tant attendu et espéré du maître Sid Ahmed Serri. Avec le talent qu'on lui connaît, il exhumera de sa voix de ténor quelques morceaux choisis de la nouba h'cin dont le célèbre derdj intitulé Dharabetni bi khandjari mouqlateyha. Notons que le concert en hommage à Sfindja, qui sera donné par un ensemble musical constitué par trois orchestres, interprétera un pot-pourri des diverses pièces musicales dont les plus belles Inqilabate et Insirafate du mode dil. La deuxième partie de la soirée sera rehaussée par le professeur Ahmed Serri qui chantera une nouba h'cin dont le fameux derdj intitulé Dharabetni bi khandjari mouqlateyha (Elle m'a rossé avec la dague de ses yeux).