L'Algérie peut engager l'année prochaine, affirme Ouyahia, un nouveau programme substantiel de développement si le chef de l'Etat qui sera élu le désire. Près de 600 000 agents seront mobilisés pour la gestion des opérations liées à l'organisation de l'élection présidentielle. Devant les députés des différentes formations – à l'exception de ceux du RCD qui ont décidé de boycotter cette séance – le Premier ministre était très confiant et optimiste quant à l'avenir du pays. Un pays qui fera face, selon lui, à toutes les crises et secousses grâce à la stratégie de gestion rationnelle des affaires de l'Etat par le président de la République. Dans son exposé du programme d'action du gouvernement, M. Ouyahia s'est attardé sur la crise financière et son impact sur le pays, la situation sécuritaire, la révision de la Constitution et la situation sur le plan social. En somme, l'orateur a présenté beaucoup plus un bilan – et non un plan d'action – des différentes réalisations et de ce qui reste à faire dans le cadre du programme quinquennal lancé par le chef de l'Etat. Commençant par la question d'actualité, à savoir la crise financière, M. Ouyahia a tenu à rassurer les députés et la population que notre système financier est resté à l'abri de cette crise et peut résister à une baisse de nos recettes extérieures tirées des hydrocarbures, grâce à une série de mesures prises ces dernières années par Bouteflika. D'emblée, il précise que notre pays, qui disposait de 138 milliards de dollars de réserves de changes, à fin novembre dernier, pourra faire face à tous ses engagements extérieurs durant cinq années sans recourir à l'emprunt à l'étranger, et cela même avec un baril à 30 dollars durant les cinq années. Dans une telle situation virtuelle, l'Algérie conserverait encore, en 2014, des réserves de changes de près de 50 milliards de dollars. Pour le conférencier, l'Algérie a décidé, dès l'apparition des premiers indices de la crise en 2007, de surseoir à la privatisation de ses banques publiques, les mettant ainsi à l'abri d'une contagion. En outre, l'Algérie a refusé l'aventure des fonds souverains qui lui était fortement recommandée par les experts alors que de par le monde, ces fonds ont subi de fortes pertes. Les autorités algériennes ont aussi décliné les appels à la convertibilité totale du dinar, laquelle aurait entraîné une forte hémorragie de devises. Le remboursement anticipé de la dette extérieure décidé en 2005 a fortement réduit le poids du service de la dette sur notre balance des paiements extérieurs. Elle était de 21 milliards de dollars en 2004 et s'élève actuellement à près de 4 milliards de dollars, y compris la dette des entreprises étrangères établies dans notre pays. Il y a eu, en outre, la prudence permanente de la Banque d'Algérie dans le placement des réserves de changes, préférant la sécurité à une forte rentabilité et la limitation des transferts de bénéfices par les sociétés étrangères exerçant en Algérie. En 2006, a rappelé M. Ouyahia, la loi sur les hydrocarbures a été révisée pour relever la fiscalité pétrolière payée par les entreprises étrangères à partir d'un certain niveau de prix. En 2008, la loi de finances a introduit d'autres dispositions fiscales pour réduire les transferts des entreprises étrangères. Le Premier ministre a annoncé que l'Algérie deviendra officiellement, aujourd'hui, membre de la Zone arabe de libre-échange. Pour lui, notre pays a eu la chance de prendre, ces dernières années, un certain nombre de mesures pour accompagner notre ouverture économique sur le monde. « Des années durant, les recettes budgétaires ont été calculées sur la base d'un baril à 19 dollars seulement, prix qui a été relevé cette année à 37 dollars. Cette politique prudente est aujourd'hui payante puisque le fonds de régulation des recettes dispose aujourd'hui de réserves supérieures à 4000 milliards de dinars. C'est le montant qui permettra à notre pays de poursuivre son programme de développement en cette conjoncture difficile », a expliqué M. Ouyahia, en affirmant que l'Algérie continuera la réalisation du programme quinquennal en cours sans risque et poursuivra la politique de l'Etat sans danger. Il a affirmé que « l'Algérie peut engager l'année prochaine un nouveau programme substantiel de développement si le chef de l'Etat qui sera élu le désire et elle pourra le faire sans recourir à un quelconque endettement extérieur ». Abordant justement l'élection présidentielle, M. Ouyahia s'engage à réunir toutes les conditions pour un scrutin démocratique, pluraliste et transparent. A cet effet, il y aura la mobilisation de près de 600 000 agents pour la gestion des opérations liées à l'organisation de ces élections. Revenant sur le dossier de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, le Premier ministre a déclaré : « Aujourd'hui, nul ne serait irresponsable pour prétendre que tout danger est déjà définitivement écarté et les lâches attentats terroristes de l'été dernier le confirment. La lutte contre le terrorisme aboutira, car l'Etat est déterminé à conserver la porte ouverte devant toute personne qui renoncera au crime pour revenir dans le droit chemin. » Pour ce qui est du volet des réalisations, M. Ouyahia a estimé que le programme de soutien à la relance économique a été suivi d'un autre pour le soutien à la croissance. Une croissance économique, selon l'orateur, constante et appréciable. Hors hydrocarbures, la croissance a été de 6,3% en 2007, elle sera de 6% en 2008 et se maintiendra à 6% en 2009. En 2004 et 2007 seulement, l'investissement a atteint plus de 8000 milliards de dinars dans le pays, alors que les engagements du budget public ont atteint 5300 milliards de dinars. L'agriculture, qui a reçu près de 300 milliards de dinars d'aide, a souffert de la sécheresse, mais cela, d'après M. Ouyahia, n'a pas empêché son développement. Enfin, le Premier ministre a souligné la poursuite du dialogue avec le patronat dans le cadre du Pacte national économique et social. Notons par ailleurs que 198 députés vont intervenir, pendant quatre jours, pour décortiquer le contenu de ce programme d'action.