Les mélomanes de la musique andalouse se sont donné rendez-vous, dimanche soir, par un temps pluvieux et glacial, à la salle Ibn Zeydoun à Alger pour assister à un concert organisé à l'occasion de la célébration du centenaire de la mort du musicien Sfindja. Un hommage concrétisé grâce au dévouement et à l'abnégation du maître Sid Ahmed Serri qui a eu l'ingénieuse idée de convier les trois prestigieuses associations de musique andalouse, à savoir El Farkhadjia, Les Rossignols d'Alger de Chéraga et Fen Açil de Koléa pour honorer la mémoire d'une figure de proue de la musique algérienne. Ainsi, c'est devant une assistance nombreuse que la soirée est étrennée par la troupe de Zornadjia, avant que ne prenne place l'ensemble des trois associations. Les musiciens élégamment vêtus karakou et caftan pour les femmes, smoking pour les hommes. Les instruments se mettent en branle quelques instants avant que Sid Ahmed Serri ne fasse son apparition sous un tonnerre d'applaudissements. D'un pas mesuré, il salue l'assistance d'un geste gracieux et d'un hochement de la tête. L'émotion est à son comble. Des youyous stridents retentissent dans la salle. Le maître, pour donner le la, prend place en face de l'imposant orchestre composé de soixante musiciens. La première partie de cette soirée est entamée par un parfait Becheraf raml maya (nouba du sultan), pour se mettre dans l'atmosphère andalouse. Les regards des élèves sont rivés sur leur maître : ce dernier, d'un sourire complice et d'un signe de la main les guidera dans cette traversée musicale. Suivront une série d'inkilabet et d'insirafet dans le mode moal dont, entre autres, Chahil el ayn khil el hadka, Razili sakara nebet, Hem fi el khalara, Koulou elladhi manara zirayat, Ma saba akli, Koum tata barahim el louzé. La deuxième partie de la soirée est assurée par Sid Ahmed Serri. Avant de prendre son instrument, il prendra à témoin l'assistance en lui lançant : « Je suis au milieu de mes enfants et de mes petits-enfants. » De sa voix magistrale, cette légende vivante de la musique andalouse interprétera magnifiquement, durant une heure et demie, quelques extraits de la nouba h'cine. Accompagné par l'ensemble de la formation, Sid Ahmed Serri rehaussera la barre d'un cran. Parmi ses titres prenants et envoûtants à la fois, citons entre autres un mceder h'cine : Rakeb bouka el mazne, un btaihi hçine : Gharade el tayr fenabeh min nourassi, un derdj h'cine : Darabtini birandjer maktelteha, un khlass : Charbteni oua taba chartna... Le public est conquis et offre une longue et belle ovation au maître et à l'ensemble des élèves des trois écoles. Au final et en rappel, des louanges à Dieu sont venues gentiment nous rappeler la fin d'une soirée qui aura duré trois heures et demie, le temps d'un voyage à travers l'univers de la musique andalouse. Gageons que d'autres concerts identiques seront organisés pour rendre hommage aux nombreuses figures de proue de la culture algérienne.