Ivohren est le premier des cinq villages que compte Aït Khelifa qui vous accueille en empruntant le CW26. A part l'hospitalité de ses habitants, ce petit village situé à 7 km à l'ouest du chef-lieu de la commune, n'a rien à offrir. Une liste interminable peut être facilement élaborée, concernant le manque des éléments les plus élémentaires de la vie, que les villageois subissent. Hormis une route qui date de la période coloniale, un château d'eau sur les hauteurs et un abribus en contrebas, construit récemment, où les jeunes peuvent se rencontrer et se chauffer autour d'un feu à l'abri de la pluie et du froid pendant l'hiver, rien n'a été fait pour les habitants, qui puisse marquer la présence de l'Etat dans cette région. Ivohren est le plus oublié des villages de la commune. Même pas une annexe d'une école primaire pour les élèves du tout début du cursus scolaire. Des enfants de 6 ans sont ainsi obligés de faire plus de 4 km pour rejoindre les bancs de l'école, affrontant le danger de la route et les cartables surchargés sur le dos, dans la chaleur de l'été et le froid de l'hiver. « Un bureau de poste ou d'état civil de la mairie relève du luxe », dit un habitant. Les 600 âmes qui y vivent n'ont même pas le droit de rêver d'un centre de soins. Pour faire leurs achats, les villageois vont aux villages voisins ou au chef-lieu de la commune, parce que le village ne dispose même pas d'une épicerie. « C'est malheureusement le cas, mais la réalité est généralement amère », nous a dit un habitant. Dans le domaine des activités sportives, le village ne dispose même pas d'un terrain de jeux. Autrefois, lorsque les jeunes voulaient jouer au football, ils « squattaient » la route le temps d'un match, interrompant le jeu à chaque passage d'un véhicule. Aujourd'hui, devant l'intensité de la circulation, il est carrément impossible d'y jouer. Devant ce manque flagrant, beaucoup de familles se sont vues obligées de quitter le village à la recherche de conditions meilleures. Mais la cause principale, qui a poussé jusqu'aux plus attachés à leur terre et racines de partir, est l'absence d'une route qui puisse donner accès au cœur des hameaux pour toucher l'ensemble des habitations. D'ailleurs, Thajmaât (l'assemblée du village) a délégué une commission conduite par MM. Bouhri et Belhadi auprès des autorités municipales pour inscrire cette revendication officiellement. La demande est accompagnée d'une étude technique du projet de réalisation de cette route pour toucher la globalité des habitations. « Pourvu que cela reçoive l'écho attendu, pour venir au bout de la souffrance des habitants », nous ont fait savoir les délégués.