« La rentrée universitaire 2009/2010 risque d'être difficile ». Une fois n'est pas coutume, le recteur de l'université Abderahmane Mira de Béjaïa ose un avertissement sur les lendemains incertains qui guettent l'établissement qu'il dirige. « Nous sommes très compressés dans les amphithéâtres et l'exemple de la faculté de médecine est édifiant. Au campus d'Aboudaou nous travaillons jusqu'à 20 heures » se plaint le professeur Djoudi Merabet. « Les conditions sont extrêmement difficiles au campus de Targa Ouzemmour. Nous vivons un souci permanent concernant l'auditorium » ajoute-t-il en faisant allusion à l'exiguïté de cette infrastructure qui ne réunit pas les bonnes conditions d'accueil de la population estudiantine qui n'a pas cessé de grandir ces dernières années. Depuis la rentrée universitaire de cette année, 38 000 étudiants suivent leurs études à Béjaïa, encadrés par plus de 1000 enseignants. Le contingent a été grossi par l'inscription de plus de 8800 nouveaux inscrits sur les plus de 11 000 bacheliers de la wilaya. Pour les accueillir, les 61 amphithéâtres existants n'offrent pas plus de 14 232 places pédagogiques. Ajoutés aux 424 salles, la capacité d'accueil ne globalise pas les 33 000 places pédagogiques. « Il faut créer dés aujourd'hui de nouvelles infrastructures pour la prochaine rentrée » prévient M. Djoudi Merabet. Et parce qu'il est rare de voir le recteur plaintif et remisant au placard sa traditionnelle autosatisfaction, son intervention, dimanche dernier, devant la plénière de l'APW de Béjaïa, qui a sonné comme un cri de détresse, a retenu les attentions. Puisque c'est lui qui le dit, il y a un problème « particulier » d'infrastructures pédagogiques qui manque à l'université de Béjaïa qui semble être victime de sa croissance jusqu'à se retrouver aujourd'hui dans l'étroit. Le recteur tire la sonnette d'alarme pour prévenir sur les grosses difficultés qui attendent la rentrée universitaire 2009/2010. Le bémol qu'il met trahit un sentiment d'exaspération du fait de certains projets qui traînent. M. Merabet ne le dit pas expressément, mais, on l'aura compris, le reproche est adressé aux institutions chargées de la réalisation de ces projets. « L'Etat a mis les moyens, 200 bureaux sont prévus pour les enseignants à Targa Ouzemmour et sept milliards ont été dégagés. Programmés pour 2008, ils ne sont pas encore réalisés » se désole-t-il, n'omettant pas de rappeler le retard accusé dans le lancement d'un bloc Rectorat au campus d'Aboudaou. Dans la foulée, une autre désolation plutôt inhabituelle : « les longues chaînes devant le resto (universitaire, ndlr) ». Outre l'étude et la réalisation du bloc de 200 bureaux pour enseignants, le plan retenu pour l'année 2008 qui est à ses derniers jours a prévu aussi la réalisation d'un auditorium de 1000 places et d'un restaurant universitaire de 800 places à Aboudaou. Les retards actuels, donnent à réfléchir quant à la concrétisation du plan de développement projeté à l'horizon 2013. Celui-ci ne manque pas, en effet, d'ambitions : faculté de droits de 800 places avec dépendances à Amizour, faculté des Sciences Economiques, des Sciences de Gestion et des Sciences commerciales de 10 000 avec dépendances à El-Kseur, Centre des systèmes et réseaux d'information, de communication, de télé-enseignement et de l'enseignement à distance, bloc administration et restaurant 800 places à Targa Ouzemmour .... Et d'un CHU dont les dernières données concernant sa réalisation à court terme ne donne pas matière à optimisme. Aucun engagement officiel n'existe encore. Et c'est peut être cela qui fait, en premier lieu, douter le recteur de l'université de Béjaïa, inquiet, légitimement, de devoir compter une faculté de moins.