Quarante-huit heures après la fin de la conférence extraordinaire de l'Opep, tenue à Oran, les prix du pétrole brut à New York ont perdu près de 9 dollars. Si mardi dernier ils avaient clôturé à 43,60 dollars le baril, vendredi vers 16h45 GMT, le WTI était à 35 dollars le baril après avoir touché un plus bas de 33,44 dollars le baril. Le brent à Londres a résisté en ne cédant que 30 cents pour la même période (44,26 dollars contre 44,56 dollars le baril). La hausse des stocks hebdomadaires pétroliers aux Etats-Unis a éclipsé la décision pourtant historique de l'Opep de baisser son plafond de production de 2,2 millions de barils par jour. Cette baisse avait été déjà intégrée par le marché qui s'est pratiquement installé dans la déprime avec la baisse historique de la demande conjuguée à la plus grave crise économique que vivent les Etats-Unis depuis la dépression des années 1930. La baisse importante du prix de l'essence à la pompe n'a pas eu d'effet sur la consommation de carburant dans un pays qui consomme le quart de la production mondiale de pétrole. La situation grave que vit l'industrie automobile a un grand impact. La lenteur des négociations pour sauver les trois géants américains GM, Ford et Chrysler menacés de faillite n'arrange pas les choses. Les fermetures d'usines d'automobiles dans le monde suite à la baisse des achats sont devenues courantes. Même le numéro 1 mondial, le géant japonais Toyota, qui a innové dans les véhicules hybrides, commence à subir les effets de la crise. Toyota vient d'annuler la construction d'une usine aux Etats-Unis où pourtant il avait déjà investi 300 millions de dollars. Si l'Opep a fait ce qu'elle avait à faire, les pays non Opep, à l'image de la Russie ou de l'Azerbaïdjan pourtant présents à Oran, n'ont fait aucune annonce concrète pour participer à l'effort de stabilisation du marché pétrolier. La sanction du marché La conférence de Londres, regroupant producteurs et consommateurs de pétrole, initiée par le Premier ministre britannique, Gordon Brown, au mois de juillet dernier au moment où les prix du baril de pétrole dépassaient les 140 dollars, a eu lieu hier vendredi. Si à l'époque les grands pays consommateurs s'inquiétaient de la hausse des prix et faisaient pression sur l'Opep pour qu'elle augmente sa production alors que le marché était inondé de pétrole, ils reconnaissent maintenant que la spéculation a déstabilisé le marché pétrolier et tout le monde se retrouve perdant avec, à la clé, une crise à venir avec le gel des investissements dans l'industrie pétrolière vu les bas prix actuels. Le Premier ministre britannique a indiqué hier que « les fluctuations sauvages des prix du marché affectent les pays dans le monde entier et font du tort tant aux pays producteurs qu'aux consommateurs ». Le changement de position est très clair, M. Brown reconnaissant le rôle joué par la spéculation, une thèse défendue par la seule Opep à l'époque. A Londres, les responsables de l'Opep ont maintenu le cap. Le président de l'organisation, Chakib Khelil, a déclaré à la presse que l'Opep poursuivrait la réduction jusqu'à ce que les prix se stabilisent. Il n'a pas non plus exclu une autre réunion de l'Opep à Koweït City le 19 janvier prochain, à l'occasion d'une réunion des chefs d'Etat de la région. La situation sera un peu plus claire vers le 20 janvier, au moment où l'équipe des démocrates emmenée par le président Obama dévoilera ses projets avec, notamment, un plan de relance qui avoisinerait les 1000 milliards de dollars et l'ambition de créer 2,5 millions d'emplois. Pour l'instant, si l'Opep ne peut pas faire reprendre aux prix une courbe ascendante, dans la mesure où l'application de la réduction ne se ressentira sur le marché que durant le deuxième trimestre de l'année 2009, elle peut néanmoins stopper leur chute.