L'ablation de l'utérus, une pratique qui semble devenir courante lorsqu'il y a des difficultés, a, une fois de plus, fait des malheureux à Djelfa. Ce qui devait normalement être un accouchement et, peut importe qu'il soit qualifié d'ordinaire, d'assisté, de douloureux ou au forceps, s'est en fin de compte transformé, samedi dernier, en véritable drame pour un jeune couple, la femme, H.F, une primipare âgée de 25 ans, a subi une ablation de l'utérus. Selon les dires de son mari qui était très affligé par la nouvelle, elle a été évacuée par lui-même vendredi vers 10h à l'hôpital dans un état jugé normal, hormis le fait qu'elle se tordait de douleurs persistantes et insoutenables. Des douleurs normales qui précédent un accouchement. Passons sur l'accueil peu affable du personnel d'entretien que ce couple de condition modeste s'est vu réserver d'emblée. Le mari n'a même pas eu la possibilité d'utiliser l'ascenseur pour se rendre au service de maternité situé au 1er étage. Et c'est non sans peine qu'il a transporté son épouse sur ses épaules ! Une fois au service, il a été éconduit illico presto sans qu'il n'ait pu faire assurer les premiers soins à son épouse. ` Condamnée donc à communiquer avec son mari par le biais d'un téléphone portable, cette pauvre femme a fait part à son mari, qu'à 19h, elle a eu droit à la visite d'un médecin cubain qui l'a mise sous perfusion en lui faisant savoir que son bébé est mort-né. Ce n'est que le lendemain matin que son mari, lassé d'attendre sans avoir le moindre avis médical, a pu s'introduire dans l'hôpital en usant d'un habile subterfuge. Il apprend ainsi, amèrement, que sa femme qui plongeait dans un coma intermittent, avait passé toute la nuit à lutter contre la douleur qui lui montait jusqu'au thorax. A 13h, elle reçoit enfin et de nouveau la visite d'un médecin cubain, accompagné cette fois-ci d'une consœur algérienne. Après une radiographie effectuée sur la patiente pour voir l'état du bébé (?!), on décide alors de l'opérer par césarienne pour expulser le bébé et la soulager. L'intervention a duré jusqu'à 17h, heure à laquelle cette ex-maman s'est réveillée selon son mari. Mais qu'elle ne fut la surprise de ce dernier quand il apprit que sa femme a subi une ablation de l'utérus ! Selon un avis médical, l'ablation qui est un traitement radical est un cas de force majeure seulement en cas d'hémorragie importante. L'ablation peut être évitée si la patiente est bien prise en charge tout à fait au début de son admission dans un centre hospitalier. Aujourd'hui, cette jeune mariée se trouve dans l'incapacité de procréer à cause de la perte de son organe de gestation et son mari, désemparé, car il ne pourra jamais voir ses enfants égayer son foyer. A moins que… et c'est là que le bât blesse ! Quant à la raison ayant conduit à cette ablation, le directeur de l'hôpital, contacté hier par téléphone, nous déclara que le médecin qui a effectué l'opération s'est basé sur l'état critique de l'utérus, dû à une rupture utérine, elle-même due probablement à une série de 4 fausses couches et curetages qui auraient causé beaucoup de dégâts à l'organe en question. « Pour des raisons purement thérapeutiques et parce que entre la mère et l'utérus dans lequel le bébé mort-né a séjourné plus de 4 jours, le choix a été vite fait. » Cela n'a pas convaincu le jeune mari qui a quand même déposé hier une plainte devant le parquet de Djelfa contre l'hôpital pour négligence professionnelle. « Si on avait opéré par césarienne en temps opportun, tout ceci ne serait jamais arrivé », nous a-t-il signifié.