C'est la conclusion à laquelle sont parvenus les participants à une journée de sensibilisation sur les risques auxquels sont exposés les fellahs. Cette rencontre a été organisée conjointement par l'INPV et Syngenta, une multinationale suisse. En effet, c'est au siège de la station de protection de végétaux de Sayada, dans la vallée des jardins, que des agriculteurs locaux, des techniciens et le directeur de l'agriculture se sont retrouvés pour attirer l'attention des utilisateurs de pesticides sur les risques encourus et sur la manière de les éviter. Dans une intervention très technique, c'est Ryad Bourenane qui mettra en exergue les avantages à recourir aux pesticides afin d'améliorer les rendements des productions agricoles. S'appuyant sur des schémas très explicites et recourant aux paraboles puisées dans la vie courante, cet ingénieur conseil parviendra sans peine à retenir l'attention des présents. C'est ainsi qu'il mettra l'accent sur les risques encourus par les manipulateurs à qui il reprochera une désinvolture coupable. Soulignant avec force qu'un pesticide étant par nature toxique, il insistera sur les délais à observer avant récolte et que peu de producteurs semblent respecter. Rappelant que ce sont les délais nécessaires à la plante pour réduire les résidus et permettre de le mettre sur le marché sans aucun risque pour le consommateur, le conférencier soulignera que les délais varient en fonction du type de végétal ou du fruit sur lequel le pesticide est appliqué. Il dira également qu'en fonction de la matière active et de son mode de conditionnement, les délais peuvent passer du simple au double, atteignant pour certaines substances hautement toxiques – notamment celles à base d'organophosphorés –, parfois plusieurs mois. Lors du débat, des participants ont fait part de leur propre vécu où souvent des traitements sont effectués le soir et les légumes et fruits sont récoltés et emmenés vers le marché le lendemain. D'autres feront remarquer l'absence de précautions lors de l'emploi de ces produits chimiques, ce qui fera dire au conférencier que la multinationale pour laquelle il travaille vient de mettre en place un programme à l'intention des fellahs les plus exposés à certaines substances dont la dangerosité est connue de tous. Ce programme consiste à recenser l'ensemble des opérateurs confrontés à ces produits chimiques et à leur imposer le port de combinaisons de protection ainsi que des masques. Cet équipement individuel, disponible chez les revendeurs qui sont les mieux placés pour connaître les fellahs concernés, coûte quelque 2500 dinars. Il sera remis à l'intéressé contre une participation de 400 DA, les 2100 DA restants étant à la charge de l'entreprise. Selon le représentant de la firme, cette opération coûtera pas moins de 500 millions de cts, ce qui permettra l'acquisition de 2000 tenues qui seront importées dans les prochains jours. Il est indéniable que cette opération a eu le mérite de sensibiliser les opérateurs sur les risques réels de ces substances toxiques dont certaines font l'objet d'un suivi draconien par les chercheurs des pays développés. Ces derniers mettent régulièrement en cause certaines molécules de synthèse dans l'apparition de maladies invalidantes.