En ces temps de vaches maigres, le gouvernement enfourche un nouveau cheval de bataille pour rassurer les Algériens : « L'espoir et le rétablissement de la confiance. » C'est là le message que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a voulu faire passer, lors de son discours prononcé hier au Sénat et au cours duquel il a répondu aux préoccupations soulevées par les sénateurs lors des débats ayant porté sur le plan d'action du gouvernement. Tout au long de son intervention, il n'a pas cessé d'appeler à « la conjugaison des efforts » et à « la mobilisation de tout le monde pour permettre au pays de redémarrer sur de bonnes bases », tout en affichant une confiance quant aux possibilités de bâtir une économie forte. D'abord, le Premier ministre a affirmé que l'Algérie peut tenir le coup même avec un baril de pétrole à 20 dollars. « J'ai dit qu'avec 138 milliards de dollars de réserves de change, nous tiendrons cinq ans. Et nous tiendrons cinq ans même avec un baril à 20 dollars. Parce que à 20 dollars, nous aurons 19 milliards de recettes », a-t-il déclaré à la presse à sa sortie de l'hémicycle, où les membres du Conseil de la nation lui ont accordé leur quitus en votant une résolution de soutien au plan d'action du gouvernement. Ahmed Ouyahia révise ainsi ses prévisions. Il y a quelques semaines, M.Ouyahia affirmait que « si le prix du pétrole descendait au-dessous de la barre de 65 dollars, ce serait une catastrophe pour le pays ». Aujourd'hui, il assure que l'Algérie peut tenir même avec un baril beaucoup moins cher. Il étayera ses propos en avançant des calculs : « Je mets 19 milliards et j'aurais besoin pour l'importation des marchandises et pour payer des services de 35 à 40 milliards de dollars. Donc, il faudra prendre 21 milliards de dollars de plus pour arriver à 40. Les réserves de change serviront à cela », a-t-il dit, soulignant qu'entre-temps l'Algérie continuera à engranger des recettes pétrolières même avec un baril à 10 dollars. Le lancement d'un nouveau programme quinquennal à 150 milliards de dollars, a-t-il estimé, « est possible ». « Nous avons les moyens de le faire et il faut le dire parce qu'il faut que l'espoir règne », lance-t-il. Et d'ajouter : « Ce n'est pas la chute du baril qui est grave, c'est la disparition du baril qui sera tragique et ce n'est pas dans un siècle. » Ce faisant, Ahmed Ouyahia a appelé les élus locaux, la communauté algérienne à l'étranger et les jeunes « à joindre leurs efforts à ceux de l'administration pour faire sortir le pays de la dépendance des hydrocarbures et d'enclencher le processus de développement ». Commençant par les élus locaux, il a dit que « leur responsabilité est grande » dans l'amélioration du quotidien de leurs citoyens. « Ce n'est ni le gouvernement, ni le ministre et encore moins le wali qui sont responsables de la dégradation des cités et des quartiers », a-t-il souligné. Rappelant que le gouvernement reverra à la hausse la prime des élus locaux, Ahmed Ouyahia a rejeté, toutefois, « le chantage et la surenchère des élus ». Cette prime, a-t-il précisé, est donnée comme un plus aux élus, qui sauvegardent toujours leurs salaires et leurs emplois pendant la période de détachement. « L'administration et le gouvernement ne fuiront pas, en revanche, leurs responsabilités », a-t-il précisé. La communauté algérienne à l'étranger peut également contribuer au développement de l'économie nationale. Ahmed Ouyahia l'appelle à constituer, à cet effet, « un lobby ». « 99 % des cadres algériens résidant à l'étranger ont été formés en Algérie. Il faut que les compétences algériennes réfléchissent à ce qu'elles peuvent apporter à l'Algérie », a-t-il insisté. Abordant la question des « harraga », le Premier ministre a avancé la nécessité d'offrir aux jeunes, tentés par l'émigration clandestine, des emplois, mais beaucoup plus... des raisons de croire que leur avenir est dans le pays. « Ils (les harraga) ont leur place dans le pays et celui-ci a besoin d'eux », a-t-il martelé. « L'Etat n'a pas négligé le sud » Revenant sur le développement des régions du Sud, Ahmed Ouyahia a rassuré que « l'Etat n'a jamais négligé cette région et accorde suffisamment d'intérêt au développement local », en regrettant le fait que « la bureaucratie et l'administration locale n'ont pas favorisé la réalisation de certains programmes de développement ». « La wilaya d'Illizi, à titre d'exemple, a bénéficié de 47 milliards de dinars entre 2005 et 2008, parmi lesquels seulement 20 milliards de dinars ont été dépensés », a-t-il argumenté. Le Premier ministre a rappelé aussi que le gouvernement accorde une grande importance au développement de l'agriculture.