Les funérailles nationales du président guinéen Lansana Conté, décédé à 74 ans après 24 ans d'un «règne» très contesté, ont rassemblé plus de 30 000 personnes, hier, à Conakry, tandis que la junte arrivée au pouvoir a reçu son premier soutien étranger de la part du Sénégal. Le chef de la junte qui a pris le pouvoir mardi par un coup d'Etat militaire, le capitaine Moussa Dadis Camara, n'a pas participé aux hommages. Mais le vice-président du Comité national pour le développement et la démocratie (Cndd, junte), le général Mamadou Ba Toto Camara, a déclaré devant la foule emplissant le stade national : «Le Cndd rend hommage au général Lansana Conté. (...) Nous prions Dieu qu'il nous donne le courage de continuer son œuvre de tolérance, de paix, pour le bonheur de la Guinée». Une foule de 30 000 personnes avait afflué au stade et à ses abords pour voir passer, derrière une fanfare, le cercueil couvert du drapeau national rouge, jaune et vert, posé sur une jeep. Un peu plus tôt dans la journée, une cérémonie «officielle» avait rassemblé plusieurs milliers de personnes au Palais du peuple, siège de l'Assemblée nationale. Les présidents Laurent Gbagbo (Côte d'Ivoire), Joao Bernardo Vieira (Guinée-Bissau), Ellen Johnson Sirleaf (Liberia) et Ernest Bai Koroma (Sierra Leone) étaient présents, ainsi que le président de la Commission de l'Union Africaine (UA), Jean Ping, et son homologue de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), Ibn Chambas. Depuis Paris, le Président sénégalais Abdoulaye Wade a appelé à «soutenir» la junte, alors que la communauté internationale a jusqu'ici condamné le coup d'Etat. «Je pense que ce groupe mérite d'être soutenu», a-t-il déclaré. «J'appelle tous les pays, notamment la France,... à ne pas jeter la pierre à ce groupe mais à le prendre au mot», a-t-il ajouté, faisant référence aux élections promises par les putschistes. A l'inverse, le Président sud-africain Kgalema Motlanthe a condamné le putsch et appelé la junte à céder «immédiatement» le pouvoir aux civils en vue d'élections démocratiques. A Conakry, outre les dignitaires du régime et de très nombreux militaires, plusieurs opposants au «général-président» et leaders syndicaux, qui l'avaient vivement contesté ces dernières années, s'étaient joints à la cérémonie. Plusieurs partis qui dénonçaient le régime avant sa mort, ont présenté ces derniers jours leurs «condoléances émues» à la famille et à l'ensemble du peuple, par respect pour le deuil, dans un pays musulman à 90%.