Les réactions à la condamnation de Merzoug Touati sont nombreuses et traduisent déception et étonnement. Les avocats du blogueur se montrent déçus par le verdict du tribunal criminel. «Nous respectons la décision du tribunal mais je reste sceptique quant au verdict du fait que cela nous rappelle une justice à deux vitesses et qui émane du temps du parti unique», déclare à El Watan Me Saheb. Pour lui, le verdict est d'autant plus lourd qu'il s'attendait à la réhabilitation de Merzoug Touati dans ses droits. «C'est une décision discutable même du point de vue juridique. Elle est à même d'être soumise à l'appréciation de la Cour suprême», dit-il. Me Hemaili considère qu'à l'issue du procès, «les sentiments ont primé sur les convictions». «Il fallait que le tribunal criminel statue avec les convictions personnelles des magistrats et des jurés. Nous sommes très déçus de ce jugement. On tient toujours à dire que l'article en rapport à intelligence avec une puissance étrangère ne s'applique pas à Merzoug Touati. Son dossier est vide, il n'y a aucune preuve tangible», nous dit-il. «Il reste la voie de recours extraordinaire qui est un pourvoi en cassation. Nous allons conseiller à notre client de le faire. Il a huit jours pour décider», ajoute-t-il. Dans une déclaration publique, le bureau régional du RCD «salue le collectif d'avocats pour avoir assuré courageusement et vigoureusement la défense de Touati Merzouk resté digne tout au long du procès malgré la lourde peine de sept ans de prison ferme». Le RCD se félicite aussi de «la mobilisation des citoyens et de ses députés pour la libération des détenus et condamne la réaction disproportionnée des services de sécurité contre une mobilisation citoyenne pacifique». Le Café littéraire de Béjaïa confirme une réalité : «La condamnation de Merzoug Touati obéit à des considérations politiques.» Et assure de la continuité du combat pour que l'emprisonnement du blogueur «soit le moins long possible». Le Café littéraire ne manque pas, lui aussi, de condamner «fermement la répression sauvage qui s'est abattue sur les militantes et militants rassemblés pacifiquement devant le tribunal» ainsi que «l'interpellation d'une quarantaine de personnes». «En outre, s'il nous faut saluer la brave détermination des militants présents au tribunal, nous voudrions en revanche exprimer notre grande déception quant au silence outrageant des directions politiques se réclamant du camp démocratique devant un tel flot d'injustices et de répression policières. Peut-on encore se dire démocrate, défenseur des libertés, quand celles-ci sont scandaleusement bafouées sans que la moindre réaction de dénonciation franche ne soit exprimée par ces partis-là ? Quant aux intellectuels...» dénonce le Café littéraire. Pour la LADDH, «le verdict, bien qu'il ait réduit la peine de 10 ans, en première instance, à 7 ans, a surpris plus d'un». La ligue «tout en saluant d'une part le collectif des avocats pour leur engagement et leur dévouement pour le droit et, d'autre part, la population pour sa large mobilisation pacifique et sans faille, déclare réitérer encore une fois sa solidarité avec le blogueur Touati Merzoug et sa famille».