Les habitants du douar Ouled Yahia souffrent de nombreux problèmes au quotidien. En l'absence de toute commodité, la population recourt à l'exode vers les localités et autres villes des alentours. Il faut dire qu'une seule boutique existe dans cette localité oubliée des responsables, qui ne s'en souviennent qu'en période d'élections. Cette bourgade se trouve à 26 km à l'ouest de la commune des Babors, dans une région au relief très accidenté et difficile d'accès. Sa population se réduit à une soixantaine de familles, lesquelles vivent en dessous du seuil de pauvreté. Seule un nombre restreint des habitants pratique l'agriculture, surtout le pastoralisme, les autres, notamment des pères de famille sans ressources, doivent se déplacer au chef-lieu de wilaya, à 80 km, et parfois à Alger à la recherche d'un emploi, pour un salaire qui souvent ne couvre pas les frais de déplacement. Le visiteur, en se rendant dans cette région, aura l'impression de se retrouver aux temps les plus reculés, de par le spectacle s'offrant à lui. Les maisons sont encore en terre glaise et autre pierraille, éparpillées ça et là, difficilement accessibles faute de chemin tracé ou bitumé. L'unique « route » n'est qu'un vestige des temps anciens. Il n'y a pas trace de voies secondaires, à part quelques pistes poussiéreuses qui se transforment en marécages à la moindre goutte de pluie. Cette carence en voies d'accès est l'une des causes de l'absence de transport. Pour se rapprocher du bourg le plus proche, Chorfa, les habitants doivent faire 7 kilomètres à pied. En matière d'énergie, le gaz naturel est un luxe dont n'osent même pas rêver les gens de Ouled Yahia ; hormis quelques familles qui se chauffent, luxe suprême, au gasoil, les autres en sont encore aux feu de bois ou au gaz butane, quand les moyens le permettent. Les canaux d'évacuation des sanitaires sont le privilège de quelques maisons longeant la rue principale ; la région est ainsi la cible des maladies de marécages et de toutes sortes d'épidémies. Parcourir 7 km pour se rendre au collège L'eau potable fait elle aussi partie des rêves des occupants de cette bourgade qui, à ce jour, utilisent encore des mulets pour s'approvisionner à partir de sources, sachant que seuls quelques rares foyers, sis au centre du douar, ont été branchés au réseau d'AEP. Parler d'éducation et de santé à Ouled Yahia serait également prétentieux, la région étant totalement déserte, dépourvue de toute commodité, à part un commerce appartenant à un particulier, qui permet aux habitants de faire leurs emplettes. Pour se rendre au collège, les élèves sont obligés de parcourir 7 km, jusqu'à Chorfa, en l'absence d'établissement du cycle moyen dans leur localité, laquelle ne compte qu'une seule école primaire. Fait qui a mis les parents d'élèves dans l'obligation de priver leurs enfants, les filles surtout, de scolarité. En matière de transport, la localité a bénéficié d'un bus il y a moins de deux années. Pour les études du cycle secondaire, les enfants doivent rallier le lycée se trouvant à Babors. La santé est le parent pauvre par excellence en l'absence de la moindre salle de soins, obligeant les habitants à transporter leurs malades à Babors, ou à Aïn Kebira, et parfois même à Sétif, en cas de nécessité. Selon certains témoignages, les accouchements dans la localité se font de manière encore très rudimentaire. Toutes ces déficiences rendent la vie impossible dans cette région, mais le plus grave, c'est le mépris et l'indifférence affichés par les élus locaux, qui ne se souviennent du douar qu'aux échéances électorales, comme l'ont fait remarquer, et à juste titre, beaucoup d'habitants. Ces derniers, qui ont affirmé avoir sollicité l'actuel P/APC pour mettre à leur disposition un engin de la commune afin de transporter la caillasse du cours de l'oued sur le tracé de la route, attendent toujours…