Encore une fois, le régime est confronté à la bataille des mosquées. Des imams sont la cible d'agressions quotidiennes de la part d'éléments salafistes cherchant à prendre le contrôle de ces lieux de culte dans plusieurs wilayas du pays. Deux d'entre eux sont morts, des dizaines d'autres ont été blessés, ce qui a poussé le ministre des Affaires religieuses à déposer une plainte auprès de la justice. Cette offensive des éléments radicaux se réclamant du wahhabisme saoudien et de ses multiples avatars sectaires, comme de la «madkhaliya», font planer le spectre d'un retour de la violence pour le contrôle des mosquées qu'a vécue le pays au début des années 1990, prélude au terrorisme de masse, que les groupes islamistes du GIA et du GSPC et autres allaient faire subir au peuple algérien durant la dernière décennie du XXe siècle. Depuis quelque temps déjà, une telle dérive est perceptible dans cette escalade de la violence, notamment à travers le discours de haine et d'exclusion initié et entretenu par des milieux radicaux intégristes ou par des personnalités connues pour leur proximité sinon leur sympathie, leur adhésion à l'islamisme politique en général et le wahhabisme en particulier. Les uns comme les autres s'en sont largement pris aux femmes, bien sûr cibles privilégiées de discours enflammés hostiles à cette partie de la population, ainsi qu'aux soufis et aux ibadites désignés à la vindicte. Face au discours violent, aux fatwas de prédicateurs extrémistes, réclamant le «châtiment suprême», la mort d'intellectuels et des apostats, pendant longtemps relayés par internet, les autorités ont fait preuve d'une passivité inexpliquée. On en veut pour preuve les prêches du cheikh autoproclamé Ali Ferkous sur la Toile appelant au meurtre et semant la «fitna» parmi les fidèles... Il aura fallu que des éléments radicaux passent à l'action violente contre des hommes de culte, désignés par les autorités, insultés, malmenés et agressés à mort pour qu'enfin le gouvernement réagisse, par l'intermédiaire du ministre des Affaires religieuses qui reconnaissait récemment que «ce n'est un secret pour personne : des radicaux tentent sans cesse de s'emparer des mosquées de la République et d'en contrôler les perchoirs», sans pour autant les nommer précisément. Ce qui l'aurait conduit à procéder la semaine dernière au gel du renouvellement des comités des mosquées en raison des altercations qui ont eu lieu au cours de cette opération. Au regard des réactions des internautes, la décision semble avoir été approuvée par nombre de fidèles exaspérés par les menées de ces éléments radicaux intégristes au sein des mosquées responsables de véritables batailles rangées sur ces lieux de culte. Il n'en demeure pas moins que pour beaucoup, le laxisme des autorités à l'égard des courants intégristes et salafistes et au discours de haine et d'exclusion qu'ils ont entretenu est à l'origine de cette violence pour le contrôle des minbars des mosquées.