Le président du FCE se trouve depuis quelques jours dans l'embarras. Le ministère du Travail n'a pas répondu à sa demande d'agrément du syndicat des patrons qu'il a déposée, alors que certains membres influents de cette organisation patronale sont dans le viseur des services de sécurité pour leur relation suspicieuse avec Chikhi Kamel, principal prévenu dans le dossier des 701 kg de cocaïne... Boudé par certains cercles du pouvoir, Ali Haddad, président du FCE (Forum des chefs d'entreprise) est dans l'embarras. Interpellé par un des membres du comité exécutif, sur le sort réservé à la demande d'agrément pour la transformation de l'organisation patronale en syndicat, il n'a pu expliquer l'absence de réponse du ministère du Travail, qui met à mal le statut juridique de l'association qu'il préside. Selon des sources internes au FCE, l'assemblée générale extraordinaire – que ce dernier a tenue le 20 janvier 2018 à Alger – avait validé la décision émanant du conseil exécutif de transformer l'association patronale en une organisation syndicale d'employeurs. Une telle configuration, avait expliqué le FCE, vient du fait qu'une «association agréée au sens de la loi de janvier 2006, même si elle peut constituer une force de proposition, n'a ni compétence, ni capacité à être représentée au niveau institutionnel pour discuter ou négocier des dispositions relevant du domaine économique ou social», précisant que «la situation actuelle en terme de représentativité des organisations d'employeurs constitue un paradoxe qu'il faut lever (...) dans la mesure où le FCE est convié aux différentes consultations bipartites et tripartites alors qu'il n'est légalement pas concerné». Ali Haddad et «ses hommes» au sein du FCE voulaient en fait enlever leur costume d'association devenu trop étroit et de mettre celui du syndicat, qui leur donne le droit d'avoir des ramifications à l'étranger, en s'affiliant à des organisations syndicales internationales, continentales et régionales. Très serein et appuyé par ses «parrains», Ali Haddad a été chargé de suivre les formalités d'agrément auprès du ministère du Travail, mais, depuis, beaucoup d'événements ont fait bouger les centres de décisions dans le sérail. Huit mois se sont écoulés, et la demande d'agrément n'a pas eu de réponse. Certaines sources évoquent des entorses à la réglementation. «Les autorisations délivrées par l'administration concernaient la tenue d'une assemblée générale extraordinaire de l'association FCE. Pour passer à un syndicat, il faut une assemblée générale constitutive. Ce qui n'a pas été fait», affirme notre interlocuteur. Du côté du FCE, on s'étonne des critiques adressées au président Ali Haddad. «C'est lors de l'assemblée générale du 20 janvier dernier que le décision de passer au statut de syndicat a été validée et le statut adopté. Le président a été chargé du dossier d'agrément, lequel n'a été déposé qu'en début du mois de mai dernier. Cela fait à peine trois mois. Nous attendons la réponse», déclare une source autorisée du FCE, qui précise : «L'association n'a jamais été dissoute.» Cette réponse ne cadre pas avec les propos de nos interlocuteurs. «Passer d'une association à un syndicat n'est pas aussi simple que cela puisse paraître. Il faut deux assemblées générales. La première pour dissoudre l'association et la seconde pour constituer le syndicat. Or, il n'y a eu qu'une seule assemblée générale extraordinaire, qui a validé la décision de configurer l'association en syndicat de patrons», expliquent nos sources. Dans tous les cas, le président du FCE et son entourage immédiat se trouvent dans l'embarras. D'abord par l'affaire Kamel Chikhi, principal prévenu dans le dossier des 701 kg de cocaïne, en raison de leurs relations douteuses avec ce dernier. Parrainé par un des membres du comité exécutif, Chikhi a été introduit au niveau des plus hautes instances du FCE, avant même qu'il ne paie sa cotisation pour y être membre. Et c'est à ce titre que la route à beaucoup de ministres lui a été ouverte. Cette relation «suspicieuse» a mis quelques membres du FCE, dont le président et un de ses proches collaborateurs, dans le viseur des services de sécurité. Peut-on croire à un lâchage de Ali Haddad par le frère du Président et le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ses principaux parrains ? Tout porte à le croire. Certaines sources proches bien informées n'hésitent pas à évoquer des «changements» dans les semaines ou les mois à venir...