L'organisation des ateliers de la recherche agronomique à l'université de Mostaganem n'aura pas été à la hauteur des défis du monde rural. Face à une chronique dépendance alimentaire, dont la facture vient de dépasser le cap de 8 milliards de dollars, la chute attendue des recettes extérieures et l'impossibilité avérée de la paysannerie à assurer, ne serait-ce qu'une partie des approvisionnements nécessaires à la population, il était pour le moins attendu des organisateurs une rigueur dans l'organisation des ateliers et surtout une large mobilisation des compétences régionales. Car, malgré la présence de quelques grosses pointures, il est pour le moins irrecevable que des sujets aussi sensibles pour l'avenir du pays ne mobilisent qu'une trentaine de participants pour toute l'Oranie. L'INRAA, qui égrène ses 43 ans, en collaboration avec l'université de Mostaganem, qui a été le réceptacle de l'ex-ITA, n'auront pas été à la hauteur de l'évènement. Nombreux enseignants des sciences agronomiques et de biologie, fortement impliqués dans des travaux de recherche spécifiques à l'agriculture et à l'agroalimentaire, auront brillé par leur absence. Pourtant, ces ateliers mixtes étaient programmés depuis un temps et avaient pour objectif de définir et de mettre en place les thématiques de recherche à soumettre au prochain PNR (programme national de recherche). Ce nouveau PNR, qui intervient suite à la réorganisation frontale du fonctionnement de la recherche scientifique, notamment par la création d'une direction générale auprès du MESRS et dont le nouveau premier responsable, le professeur Hafidh Aourag, un physicien de renommée mondiale, projette d'en faire un levier dynamique de l'ensemble de l'activité de recherche nationale. Il se trouve que, dans le domaine des sciences agronomiques, les besoins sont immenses et les retards accumulés semblent incompressibles, alors que les échéances sont loin d'être radieuses, loin s‘en faut. Ces ateliers mixtes INRAA-Universités, précédés par les assises nationales de la recherche agronomiques, pratiquement passées sous silence par les médias, avaient un rôle d'une extrême importance, celui de donner au pays une vision et à la recherche des jalons à même de permettre une véritable expertise du système de formation agronomique, qui est le principal levier sur lequel devra s'articuler la recherche. La rencontre de Mostaganem, malgré quelques interventions dignes d'intérêt, notamment celles faites par quelques chercheurs chevronnés, aura malencontreusement reconduit les exclusions et les réflexes de survie d'une activité en quasi-décalage avec la réalité agricole du pays. Comme le soulignait dans ces colonnes le professeur Bessaoud (El Watan du 7/01/09), « il faut tout remettre à plat et discuter en toute souveraineté de ce qu'il y a lieu de faire afin de se doter d'une agriculture moderne, mais on ne pourra le faire sans une mobilisation des agriculteurs, sans organisations professionnelles, sans renouvellement de la main-d'œuvre par l'intégration des jeunes chômeurs. »