Le président du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, rencontrera aujourd'hui le secrétaire général de la centrale syndicale UGTT, Noureddine Taboubi, dans l'espoir de trouver une issue au blocage dans les négociations sociales pour la révision des salaires des employés de l'Etat. Un principe de grève générale dans les entreprises publiques a été approuvé la semaine dernière par l'UGTT. Le gouvernement et l'UGTT ont convenu, en juillet dernier, de finaliser ces négociations avant le 15 septembre, avant que ce deadline soit prorogé au 25 septembre. Mais la situation n'est pas au beau fixe entre les deux parties. Les syndicalistes demandent la tête du chef du gouvernement. «Nous ne défendons pas la logique de ‘la grève pour la grève'. L'UGTT ne peut se taire face à la dégradation notable du pouvoir d'achat de la classe ouvrière, sans qu'il n'y ait de mesures gouvernementales pour s'opposer à cette crise. L'inflation réelle tourne autour de 15%», a dit Taboubi pour justifier le mécontentement des syndicalistes et l'appel à la grève générale. Dans l'autre camp, le gouvernement ne fait qu'énumérer les mesures entreprises pour amortir la crise. «La croissance économique est de 2,8% et le déficit budgétaire sera, en fin d'année, de 3,9%, des résultats inédits depuis 2011», n'ont cessé de répéter Chahed et ses ministres, en énumérant également les projets en cours. La tension monte Mais, à titre d'exemple, 100 000 emplois ont été créés en 2017, plus de 500 000 autres personnes attendent d'être embauchées, dont plus de 200 000 jeunes diplômés. Ainsi, la spirale de pression ne s'arrête pas. Il y a donc toujours, dans la rue, des manifestants demandant l'amélioration de leur situation socioéconomique, comme cela est régulièrement le cas depuis la chute de Ben Ali en 2011. Et comme la classe politique, y compris le gouvernement, ne contribue pas à amortir les tensions sociales et ne fait que promettre, tous les gouvernements, depuis 2011, se sont retrouvés seuls face à la crise. Le membre de l'instance politique de Nidaa Tounes, Abderraouf Khammassi, a déclaré, le 14 septembre, à l'agence TAP, que ladite instance a décidé de geler l'adhésion du chef du gouvernement, Youssef Chahed, au parti. Chahed serait accusé de «complot politique» contre le parti. L'instance politique aurait adressé un questionnaire au chef du gouvernement et lui aurait donné un ultimatum de 24 heures. Chahed n'a ni répondu au questionnaire, ni commenté la décision de son gel au parti, fondé par le président Béji Caid Essebsi. Le chef du gouvernement brille ces derniers temps par le refus de commenter les décisions des partis politiques le concernant. Le mois dernier, il n'a pas répondu au parti islamiste Ennahdha, lorsque le conseil de la choura lui a demandé de ne pas se présenter aux échéances électorales de 2019. Cette attitude est adoptée par Chahed depuis l'été 2017, pour montrer sa concentration sur les problèmes de gestion du pays. Le chef du gouvernement s'est dit concentré sur quatre objectifs majeurs. Il s'agit des négociations sociales avec l'UGTT et l'échéance du 25 septembre, la finalisation du projet de budget 2019, la poursuite des négociations avec le FMI concernant la tranche suivante du prêt accordé à la Tunisie, ainsi que la préparation de la sortie sur le marché financier international pour lever un milliard de dollars, afin de boucler l'exercice 2018. Chahed avance sur tous les tableaux, bien qu'il ne soit pas sûr de son avenir à la tête du gouvernement. Il a déjà finalisé le projet du budget 2019, négocie durement avec l'UGTT sur la révision des salaires, est presque sûr d'obtenir la tranche suivante du prêt du FMI et sait pertinemment que la sortie de la Tunisie sur le marché financier international ne sera pas facile, vu les mauvaises appréciations accordées au pays par les agences internationales de notation. L'avenir de la Tunisie demeure incertain.