L'atmosphère est gaie et animée. Des convives s'épanchent en « toute sincérité » devant leur hôte. Un humour au ras des pâquerettes pimente une ambiance décontractée. Confessions banales et palabres quasi sans intérêt. Dans ce papotage bon enfant, un sujet est évoqué comme par inadvertance. Il s'agit du vol de portables. Un phénomène qui s'étend et s'amplifie démesurément. Curieusement, les invités ainsi que l'animateur en parlèrent, sourire aux lèvres, sur un ton facétieux et avec une désinvolture à vous fendre le cœur. Ce délit, qui fait des victimes et qui se perpètre avec violence, brutalité et une agressivité réelle semblait les laisser de marbre. Ce forfait, absolument condamnable, s'évoquait avec une surprenante hilarité et une décontraction bien singulière. Le forfait est banalisé. Le propos n'est pas de faire un procès d'intention ni de culpabiliser une quelconque partie. Aux innocents, les mains pleines. Mais il faut tout de même rappeler que les paisibles citoyens, qui sont détroussés avec fureur, attaqués par surprise, battus au cas où ils opposeraient une résistance pour ne pas se laisser faire, ne doivent certainement pas rire de leur mésaventure. Et pour cause. D'autant que l'appareil coûte les yeux de la tête. Presque aucun mot de réprobation, un soupçon d'indignation ou de colère contre une pratique hautement détestable. Le plus marrant dans l'histoire, puisqu'il faut verser dans un humour béat, est que les chapardeurs se voient tendre le micro pour raconter leurs méfaits, détailler copieusement leur braconnage dans les rues d'Alger. Voilà qu'ils se justifient et se disculpent, profitant de l'anonymat. Il y a même un « artiste » encore imberbe qui se pâme et s'extasie devant la dextérité d'un voleur, assez héroïque jusqu'à s'en prendre à une femme. Tant cela est débité avec aplomb et une « franchise » désarmante. Faut rigoler et rire des turpitudes des autres. C'est permis.