Les partis de l'opposition représentés au sein de l'APN semblent être aux abonnés absents dans cette crise qui secoue depuis plus d'une semaine la Chambre basse du Parlement. D'aucuns pensent qu'il s'agit là d'un problème de la majorité parlementaire, même s'ils ne manquent pas de lui adresser leurs critiques les plus acerbes. L'opposition parlementaire est dans l'expectative. La crise qui secoue le Parlement depuis plus de dix jours laisse perplexe plus d'un et chacun y va de sa propre analyse. Néanmoins, toutes les formations politiques siégeant à l'hémicycle Zirout Youcef s'accordent à dire que ce qui se passe à l'Assemblée est étroitement lié à un seul agenda : la présidentielle d'avril 2019. L'opposition parlementaire ne s'est pas impliquée au début dans la mésaventure que connaît le président de l'APN, considérant que la crise est interne au FLN, parti majoritaire à l'Assemblée, mais au fil des jours, les locataires de Zirout Youcef ont ressenti le poids de ce conflit et redoutent «des bouleversements inattendus» ou pire «une déstabilisation des institutions», ce qui peut provoquer l'irréparable. Les neuf députés du RCD ont qualifié le mouvement des députés de l'alliance présidentielle de «simulacre de fronde» qui «obéit à d'autres desseins», alors que les élus du PT pensent qu'il s'agit là «de l'expression de la crise politique du système pourri, et à travers cette crise c'est l'apparition du mercenariat politique comme avancée du clientélisme et de la courtisanerie qui est synonyme d'une crise politique qui secoue le pays». L'opposition n'a pas ménagé les partis au pouvoir. Ainsi, les parlementaires du MSP, troisième force politique au sein du Parlement avec 33 députés, ont tiré à boulets rouges sur ce qu'ils nomment «la majorité factice» qui est, à leurs yeux, «un danger pour la stabilité du pays», un «frein» pour son développement et «la cause principale de l'humiliation de l'Algérie dans le concert des nations». Les élus du MSP, qui suivent de très près l'évolution de la situation à l'Assemblée et essayent de comprendre les raisons de ce marasme, condamnent les agissements anticonstitutionnels de la majorité. «Ces parlementaires ont exprimé, dans un passé proche, leur opposition à la grève des enseignants, ils l'ont même condamnée et aujourd'hui ces mêmes parlementaires recourent à la grève et bloquent le fonctionnement d'une institution, ce n'est pas normal. Ils disent une chose et font son contraire», déplorent les députés du MSP. Ces derniers, avis partagé par d'autres élus de l'opposition, pensent que la distribution des postes de responsabilité selon l'appartenance géographique en prévision de l'élection présidentielle est à l'origine de l'agitation qui frappe l'Assemblée. «Concrètement, il n'y a pas une raison valable qui explique cette crise. L'argument avancé par les contestataires ne tient pas la route. Bouhadja n'est pas le premier et ne sera pas le dernier à profiter des avantages de l'APN. Donc cette crise trouve ses origines ailleurs», notent les parlementaires persuadés que ce conflit traduit le degré de la crise au sommet de l'Etat. Dans les coulisses de l'Assemblée, le groupe parlementaire du PT, avec ses 11 élus, fait campagne pour son projet relatif à l'élection d'une Assemblée constituante qui mettra, selon lui, en place une vraie instance indépendante de contrôle et de surveillance effectifs des élections. «Ce Parlement ne reflète pas les attentes des Algériens. On est arrivé au point où ce système est périmé et le président de la République doit convoquer une Assemblée constituante», plaident les élus du parti de Louisa Hanoune. Le FFS pour sa part refuse de commenter ce qu'il qualifie de problème interne au FLN. «Le jour du vote du président de l'APN, nous avons boycotté et aujourd'hui on ne peut pas remettre en cause un responsable dont on n'a pas participé à la désignation. On ne va pas participer à quoi que ce soit pour la destitution du président de l'APN», relèvent les députés du doyen de l'opposition. De son côté, Lakhdar Benkhalef, chef du groupe parlementaire d'El Adala, tout en refusant de s'ingérer dans les affaires internes du FLN, s'est dit outré par ce qui se passe au Parlement. «On est contre ces manœuvres politiciennes qui visent la déstabilisation des institutions de l'Etat surtout à l'approche d'échéances électorales. Donner des instructions aux partis proches du pouvoir pour attaquer Bouhadja, le 3e personnage de l'Etat, ce n'est pas de cette manière qu'on règle les problèmes», explique Benkhalef. «En tant que députés, nous refusons d'être otages de ces agissements», ajoute-t-il. Le bureau de l'APN, composé de neuf commissions, a décidé de geler toutes les activités de la Chambre basse. Les présidents des commissions permanentes lui ont emboîté le pas. Aujourd'hui, l'APN est bloquée, les députés et l'ensemble des fonctionnaires chôment. Tous sont suspendus à un geste de la part de Bouhadja. Ils attendent tous sa démission.