Le procès de 17 jeunes, interpellés en décembre dernier, dans le sillage des protestations qui avaient ébranlé durant des jours la wilaya de Bouira, s'ouvrira aujourd'hui, a-t-on appris de source judiciaire. Accusés d'«attroupement illégal», «atteinte à la sécurité publique», «trouble à l'ordre public», «destruction de biens publics et de biens d'autrui», ainsi que d'«agression d'agents de police», les mis en cause ont écopé de lourdes peines prononcées en juin dernier par le tribunal de Bouira. En effet, des peines allant de 1 à 2 ans de prison assorties d'amendes de 20 000 DA ont été infligées par le juge à l'encontre de ces manifestants qui ont été interpellés par les services de police. Le campus universitaire Akli Mohand Oulhadj de Bouira avait été également, rappelons-le, le théâtre de violents affrontements opposant des étudiants aux forces de l'ordre mobilisées pour empêcher toute action de rue en faveur de la langue amazighe. La communauté estudiantine avait réussi à marcher dans les rues de Bouira après que des élus de l'APW étaient intervenus en marchant aux côtés des étudiants, appelant les autorités centrales à une promotion sérieuse de tamazight. D'autres tentatives d'occuper la rue ont toutes été avortées par les services de police, qui ont opéré plusieurs arrestations, qualifiées par certains d'arbitraires et injustes. Le premier responsable de la wilaya, Limani Mustapha, avait promis, dans une déclaration faite à El watan, qu'aucune procédure judiciaire ne serait engagée à l'encontre des manifestants interpellés au cours de ces événements. L'annonce faite par ce commis de l'Etat visait finalement à «calmer les esprits» et éviter surtout d'autres dérapages. Hormis le RCD qui a dénoncé les poursuites «arbitraires» engagées à l'encontre de ces manifestants, en appelant les autorités concernées à surseoir à toute action, aucune formation politique n'a réagi à cette affaire suscitant des questionnements.