Le Centre de recherche en tourisme et patrimoine (CRTP), de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) en partenariat avec la faculté des sciences de la terre de géographie et aménagement du territoire de l'USTHB ont organisé, samedi dernier, la 4e édition du Colloque International sur le tourisme dans le monde arabe, sous le thème «Le tourisme des nationaux : expériences, pratiques et opportunités de développement». Selon les dernières données publiées par l'OMT, le marché du tourisme mondial se porte bien et continuera à croître à un rythme soutenu durant les prochaines années. Ainsi, les arrivées de touristes internationaux ont atteint 1,38 milliard de visiteurs en 2014, en augmentation de 4,7 % par rapport à l'année précédente. Pour 2015, l'OMT a fait part d'une croissance de 3 à 4 % du tourisme international, consolidant un peu plus la reprise économique mondiale. Malgré sa forte vulnérabilité aux crises et aux événements exogènes au secteur, le tourisme s'est avéré, ces dernières années, une activité économique étonnamment forte et résiliente, et un secteur apportant une contribution essentielle à la reprise économique, générant des milliards de dollars de recettes et des millions d'emplois. Le risque sécuritaire est resté longtemps confiné aux régions politiquement peu stables. Toutefois, la multiplication des actes terroristes depuis plus d'une décennie a montré qu'avec la mondialisation, même les pays développés étaient vulnérables à de tels actes. Mais l'expérience montre aussi qu'une forte reprise de la demande se fait assez rapidement, suite à des crises même sévères. Du point de vue de l'analyse des enjeux touristiques, la zone MENA (Middle East and North Africa) regroupe des pays aux caractéristiques très différentes. Les écarts de développement économique, la diversité des structures politiques ainsi que les différences dans les caractéristiques géographiques sont telles qu'il est difficile d'observer la zone comme une entité uniforme. Cependant, le tourisme est souvent considéré comme un secteur d'avenir dans l'ensemble de la zone. La région MENA est paradoxalement considérée comme un lieu d'attractivité et de bouleversement en même temps. Quelques pays ont émergé et s'imposent comme destinations internationales comme Dubaï et Qatar, tandis que d'autres ont été secoués par l'instabilité politique et les attaques terroristes à l'image de la Tunisie et de l'Egypte. Pendant que certaines destinations essayent de se maintenir sur la scène touristique, à l'exemple du Maroc, d'autres se préoccupent plus de survie, surtout qu'elles ont perdu un héritage important qui représentait leur attractivité touristique, notamment l'Irak et la Syrie. Depuis plus de deux décennies, le monde arabe a été déstabilisé par des événements politiques de grande envergure, depuis la guerre en Irak jusqu'au «Printemps arabe». Ces événements ont impacté tant le développement du secteur touristique que la perception des touristes, surtout que le facteur «sécurité» est devenu décisif dans le choix de la destination touristique. Malgré ces impacts ayant touché quelques pays arabes, le secteur touristique dans cette région a enregistré une croissance continue, comme cela s'observe au Moyen Orient. Dans cette région, l'Organisation mondiale du tourisme observe que l'activité touristique a généré 241,9 milliards de dollars en 2009, et en prévoit 529,8 milliards pour 2019. Pour l'Afrique du Nord, le volume est de 78,8 milliards de dollars et les prévisions pour 2019 seraient de 158,7 milliards de dollars. Le secteur touristique au Moyen-Orient a permis la création de 5 130 000 emplois en 2009, et ce chiffre sera en 2019 de 6 876 000 emplois. Les pays de l'Afrique du Nord suivent la même tendance avec 5 440 000 emplois créés en 2009 et 6 914 000 prévus pour 2019. Néanmoins, ces chiffres positifs ne représentent pas une valeur sûre pour l'avenir des destinations touristiques dans le monde arabe. Les attaques terroristes (Tunisie, Egypte et autres), l'instabilité politique (Syrie, Yémen) et l'accélération de la migration des personnes vers l'Europe ont contribué au renforcement de la perception du monde arabe comme un lieu d'instabilité, de conflits et d'insécurité. Dans ce contexte, le tourisme des nationaux, ou tourisme interne, s'avère un facteur de développement pour le secteur, d'autant qu'il s'agit d'un levier important du développement pour les populations et les territoires. Selon les experts, le tourisme national, dénommé encore tourisme domestique, intérieur ou interne, constitue un apport considérable au développement économique régional par la répartition d'une part des richesses nationales. Il permet outre l'atténuation des effets de la saisonnalité du tourisme international sur la rentabilité des établissements d'hébergement, en particulier, et sur celle des entreprises touristiques, en général, le maintien des emplois et des effets induits sur les transports divers et les autres entreprises de services. En Algérie, les potentialités du tourisme interne sont extraordinaires, à travers les sites naturels et historiques inestimables, ainsi que la jeunesse de la population. Tout plaide pour une «naissance» du tourisme national algérien qui est, présentement, confronté à une double exigence de compétition internationale et de réponse à des besoins sociaux et culturels.