Le président iranien Hassan Rohani a promis de «contourner fièrement» la seconde salve des sanctions américaines entrées en vigueur hier, rapportent les médias. Sanctions qui visent cette fois les secteurs pétrolier et financier du pays. «J'annonce que nous allons contourner avec fierté vos sanctions illégales et injustes car elles vont à l'encontre du droit international», a déclaré hier le président Rohani dans un discours télévisé. Et de poursuivre : «Nous sommes en situation de guerre économique et nous affrontons une tentative d'intimidation. Je ne pense pas que dans l'histoire américaine il y ait eu jusqu'à présent quelqu'un à la Maison-Blanche qui contrevienne à ce point au droit et aux conventions internationales.» Adoptant une politique hostile à l'Iran depuis son accession au pouvoir en janvier 2017, le président Trump a retiré en mai son pays de l'accord sur le nucléaire, signé par l'Iran et le Groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France, Allemagne) en juillet 2015 à Vienne. Un pacte à travers lequel l'Iran s'était engagé à ne jamais chercher à se doter de l'arme atomique. En contrepartie, Téhéran a obtenu une levée progressive des sanctions économiques qui lui étaient imposées jusque-là. En août, le président américain a rétabli une première série de sanctions économiques contre Téhéran. Elles consistent en des blocages sur les transactions financières et les importations de matières premières, ainsi que des mesures pénalisantes sur les achats dans le secteur automobile et l'aviation commerciale. Recours aux dérogations Dans ce bras de fer engagé par Washington contre Téhéran, les sanctions américaines vont pénaliser les pays qui refuseraient d'arrêter de s'approvisionner en pétrole iranien et les entreprises qui continueraient de signer des contrats avec les entités iraniennes figurant sur la liste noire émise par les Etats-Unis. Sont concernés la Banque centrale iranienne, mais aussi nombre d'institutions financières privées, ainsi que des ports ou des compagnies maritimes étatiques. Beaucoup devraient choisir les Etats-Unis ou l'ont déjà fait. Huit pays bénéficieront toutefois d'une exemption pour le pétrole, dont la Turquie et peut-être la Chine et l'Inde. Ce recours aux dérogations est similaire à ce que Washington pratiquait de 2012 à 2015, avant l'accord sur le nucléaire iranien négocié sous Barack Obama. A l'époque, la Chine, l'Inde, la Turquie, la Corée du Sud, le Japon et Taïwan avaient notamment été épargnés de sanctions américaines, au motif qu'ils réduisaient progressivement leurs importations de brut iranien. «Il y a une poignée de pays qui ont déjà réduit de façon importante leurs importations de brut et ont besoin d'un peu plus de temps pour atteindre zéro, et nous allons leur donner ce temps», a dit le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, dans une interview dimanche sur la chaîne Fox. Concernant les sanctions financières, il a rappelé que plus de 600 individus et entités en Iran seraient placés sur liste noire, ce qui est plus que ceux qui en ont été retirés après la conclusion de l'accord de 2015. De son côté, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a expliqué la semaine dernière que les Etats-Unis souhaitent déconnecter l'Iran du circuit bancaire international Swift, ossature du système financier mondial, comme c'était le cas de 2012 à 2016. Les exportations de pétrole, qui assurent 40% des recettes de l'Etat iranien selon la Banque mondiale, ont déjà baissé de 2,5 millions de barils par jour, à 1,6 million en septembre. Le premier marché pour le pétrole iranien est la Chine, suivie de l'Union européenne, de l'Inde et de la Turquie. Le Japon et la Corée du Sud ont quasiment réduit à zéro leurs importations. Le président américain a réitéré sa proposition de rencontrer les dirigeants iraniens pour négocier un accord global sur la base de 12 conditions américaines, à savoir, entre autres, des restrictions beaucoup plus fermes et durables sur le nucléaire, la fin de la prolifération de missiles et des activités jugées «déstabilisatrices» de Téhéran au Moyen-Orient. «Nous restons prêts à parvenir à un nouvel accord plus complet avec l'Iran», a répété Trump vendredi. Mais les Iraniens ont déjà dit rejeter un dialogue avec Washington, sachant qu'en août, l'ayatollah Khamenei a soutenu qu'«il n'y aura pas de négociations avec les Etats-Unis».