Le juge de la 9e chambre du tribunal pénal spécialisé d'Alger a entamé, hier, l'audition de Kamel Chikhi, sur les 701 kg de cocaïne retrouvés dissimulés dans une cargaison de viande qu'il a importée du Brésil. L'interrogatoire a duré plus de 10 heures et portait sur les chefs d'accusation liés au «trafic, commerce international et importation de la drogue». Le juge a été destinataire des premières réponses des autorités brésiliennes et espagnoles aux commissions rogatoires… Le tribunal d'Alger était cerné, hier, par un important dispositif de sécurité accompagnant un fourgon cellulaire dans lequel se trouvait Kamel Chikhi, principal accusé dans l'affaire des 701 kg de cocaïne. Il est le seul à avoir été amené de la prison d'El Harrach pour être interrogé par le juge d'instruction de la 9e chambre du pôle pénal spécialisé d'Alger. Depuis sa présentation devant le magistrat instructeur, il y a plus de quatre mois, Kamel Chikhi n'a été entendu que deux fois. La première audition a eu lieu mardi dernier, pour être confronté aux déclarations des prévenus poursuivis pour les délits de corruption. Hier, Kamel Chikhi a été interrogé pour la première fois sur le fond du dossier de la cocaïne. L'interrogatoire a duré toute la journée et portait essentiellement sur les chefs d'accusation, entre autres, liés à l'importation, trafic et commerce international de drogue. Selon des sources judiciaires, le magistrat instructeur a reçu ces jours-ci les résultats des commissions rogatoires délivrées aux autorités brésiliennes et espagnoles. Est-ce que les réponses de celles-ci aux nombreuses interrogations ont élucidé le mystère de cette cargaison de drogue ? On n'en sait rien. Mais, il est certain que les questions du juge à Kamel Chikhi étaient très nombreuses, pour prendre plus de 10 heures, sans qu'elles se terminent. Une autre audition devrait être programmée les jours à venir après que ses cinq coaccusés, ses associés, dont ses frères, Mohamed et Nacer, ainsi que Nadjib Messaoud, mais aussi le directeur commercial de la société Dounia Meat, importatrice de la viande, et un agent chargé (par Kamel Chikhi) des formalités au port d'Oran, soient eux aussi entendus. Ces derniers sont d'ailleurs convoqués pour le début de la semaine prochaine, afin d'être questionnés sur les mêmes accusations que celles qui pèsent sur Kamel Chikhi, et sont liées au trafic et au commerce international de drogue. Mardi dernier, le juge a entendu Kamel Chikhi sur les présumés faits liés à la «corruption», «abus de fonction» et «trafic d'influence», pour lesquels trois groupes de prévenus sont placés en détention depuis plus de quatre mois. Le premier concerne le fils de l'ancien Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, l'ex- chauffeur personnel de Abdelghani Hamel (ex-patron de la police), le fils d'un ancien wali de Relizane et l'ex-maire de Ben Aknoun. Le deuxième groupe est composé de deux magistrats, l'ex-procureur de Boudouaou et son adjoint, alors que le troisième groupe concerne 12 cadres de l'administration du cadastre et de l'urbanisme, dont les chefs des services de l'urbanisme de Kouba, Aïn Benian, Draria, Chéraga et Hydra ; des conservateurs fonciers de Hussein Dey et de Bouzaréah, ainsi que deux contrôleurs de la conservation foncière de Hussein Dey, un fonctionnaire de la conservation foncière de Bouzaréah et un architecte de la direction de l'urbanisme d'Alger. Tous ont été placés sous mandat de dépôt. Le juge a déjà achevé les auditions sur le fond de la majorité de ces prévenus et il ne reste que quelques-uns à écouter, avant qu'il ne clôture le dossier et le renvoi devant la chambre d'accusation.