Le centre-ville de Chlef, censé être le carrefour de toute une région, a perdu son âme depuis le séisme de 1980, au point de devenir « un grand souk » qui s'anime pendant la journée et se vide totalement à partir de 18 h. A partir de cette heure, la ville donne l'aspect d'une cité morte où les rues sont pratiquement désertes et les commerces complètement fermés. Seuls quelques cafés et des pharmacies demeurent ouverts, mais point de restaurants ni de magasins d'alimentation au grand désappointement des visiteurs et des passagers qui empruntent la RN 4 Alger-Oran, qui traverse l'agglomération sur 4 km. Ce qui est valable pour ces derniers, l'est aussi pour les pères de famille qui désirent faire leurs achats après les heures de service. Les salles de spectacles tout comme les rares jardins publics sont, eux aussi, continuellement fermés au public. Les semaines culturelles inter wilayas se déroulent presque dans la clandestinité à des heures où les citoyens sont à leurs bureaux ou vaquent à leurs occupations quotidiennes. Il n'y a, certes, pas une « culture » pour ces activités d'animation et de l'esprit, mais « l'isolement » dont souffre le siège de la commune dès la tombée de la nuit y est certainement pour beaucoup dans cette désaffection. Le transport public n'est pas assuré au-delà et tout le monde s'empresse à regagner les cités-dortoirs à partir de 17 h. Ceux qui osent y s'aventurer de nuit doivent payer le prix fort, comme on dit, en parcourant plusieurs kilomètres à pied, comme l'ont fait, vendredi dernier, des milliers de jeunes ayant assisté à la rencontre de la coupe africaine entre l'ASO et Fello Star, qui s'est terminée à 20 h. Certains walis ont tenté vainement de redonner vie à ce grand carrefour, ils n'ont pu, malheureusement, imposer une organisation de l'activité commerciale ni instaurer un service de nuit en matière de transport urbain. Il est vrai que cela n'est pas une mince affaire au vu d'autres facteurs négatifs et de la configuration urbaine qu'a prise la région depuis la catastrophe naturelle d'il y a 28 ans et de la décennie noire.