La demande de logements augmente sensiblement d'année en année, tandis que les efforts des pouvoirs publics dans ce sens, pourtant conséquents, demeurent inéfficients en l'absence d'une planification fiable et crédible, susceptible de prévoir des solutions à court, moyen et long termes à cette crise que d'aucuns qualifient de quadrature du cercle. Les habitations précaires dépasseraient à elles seules les 16 000, selon un recensement effectué par l'administration. Cependant, des sources informelles évoquent plus de 20 000 baraques éparpillées un peu partout à travers le territoire de la wilaya. La crise de logement s'est davantage accentuée à cause des retards enregistrés dans la réalisation des programmes d'habitat comprenant diverses formules, et les mal-logés s'interrogent sur les 30 000 habitats prévus dans le quinquennal 2009-2013 : « Vont-ils apporter un début de solution aux mal-logés qui se comptent par milliers et auxquels viennent s'ajouter, d'année en année, de nouveaux postulants à un logis décent parmi les jeunes en âge de se marier ? » Du côté de l'administration on laisse entendre que « ce programme d'habitat a été ficelé et peaufiné sur la base d'un certain nombre de données se rapportant notamment à la démographie et au nombre de demandes de logements réceptionnées dépassant les 60 000, dont 25 000 proviennent du chef-lieu de wilaya ». Cependant, si l'on comptabilise le programme en cours portant sur la réalisation de plus de 22 000 logements, toutes formules confondues, la wilaya de Annaba aura bénéficié, entre 2005 et 2013, de près de 52 000 logements. Il faut en outre souligner que le traitement de la crise de logement devra passer également par un travail méthodique devant séparer le bon grain de l'ivraie, ou dégager ceux étant vraiment dans le besoin des faux postulants, et garantir ainsi la destination des logements à attribuer. Il va sans dire que cette tâche nécessite de la discipline et de l'impartialité dans l'étude des dossiers de logements, notamment ceux à caractère social. Ce qui n'est pas évident pour des raisons que tout le monde connaît. Par ailleurs, les démolitions sporadiques des constructions illicites et précaires ne représentent pas, selon des observateurs, la solution idoine proposée selon le programme de l'amélioration du cadre de vie, tout comme le transfert des locataires vers leurs lieux d'origine. Les appréhensions à l'égard de cette opération se font sentir du côté de certains occupants de bidonvilles, surtout ceux de Boukhadra depuis qu'ils ont été convies à fournir à l'administration un extrait n° 12 issu de leur commune d'origine. Une psychose s'est alors emparée des chefs de famille concernés qui craignent une délocalisation de leurs habitats de fortune vers leurs communes d'origine, comme ce fut le cas dans les années 1980, avec le déplacement des habitants d'un des plus grands bidonvilles à l'échelle de la wilaya, en l'occurrence celui de Bouhamra, baptisé aujourd'hui Boukhadra pour faire oublier à jamais ce lieu sinistre qui est l'image même du sous-développement sous tous ses aspects.