Mais ce n'est pas un film sur l'immigration. Le réalisateur franco-algérien, Malik Chibane et la productrice Nelly Kafsky, ont réussi un pari risqué : celui de ne pas céder aux poncifs, aux idées reçues, aux approximations sur la question de l'immigration maghrébine en France. Dans la distribution, on retrouve Mehdi Nebbou (Kader), Leïla Bekhti (Myriam), Carole Richert (Denise), Anémone (Simone), Delphine Rollin (Cécile), Denis Sebbah (Dr Bismut), Naïlia Harzoune (Yasmina, adolescente), Pascal Demolon (Robert), Abdelhafid Metalsi (Hassan), Abel Jafri (Mustapha), Samir Boitard (Miloud). Des acteurs choisis sur casting interprétant des personnages crédibles, authentiques. « Les acteurs ont fait la chair du film », dit Nelly Kafsky, lors d'une avant-première de presse. Le film sera diffusé, selon toute vraisemblance, courant mars. « C'est un film qui montre qu'on peut s'intégrer, réussir. La palette d'acteurs le montre aussi. » Pour Leïla Bekhti (Myriam dans le film, la mère de Yasmina), « Yasmina n'a pas eu besoin de s'intégrer, elle est née en France. L'intégration, c'est pour ceux qui viennent d'ailleurs. Ce film devrait contribuer à faire évoluer les mentalités. » Avec Le choix de Myriam, on est loin des discours et des analyses sur l'intégration. Par touches d'humour, de sensibilité, de pudeur et de larmes, on entre dans l'intimité d'une famille, celle des Baccouche qui cherche à vivre de son labeur, dans la dignité des réseaux humains faits d'entraide, de solidarité, de complicité, de joies simples, de douleurs et de coups du sort. « Tout ce que j'ai, c'est ma parole et mon honneur », dit Kader qui travaille dur de chantier en chantier pour entretenir sa famille. L'histoire est celle d'une famille algérienne qui, peu à peu, s'enracine en France. Elle commence dans un bidonville, Les Francsmoisins, en région parisienne, au début des années soixante. Kader est rejoint par sa femme Myriam. Très vite, le couple est pris en tenaille, comme tant d'autres, entre le rêve de retourner au pays et celui de s'installer en France. Le contexte historique, c'est celui de la guerre d'indépendance de l'Algérie, du couvre-feu imposé aux Français-musulmans, c'est-à-dire les Algériens, par la police du préfet Papon et la manifestation du 17 octobre 1961. Puis arrive l'indépendance, la famille Baccouche est toujours en France. Du bidonville, elle emménage dans un HLM que Kader, le père de famille, contribue à construire. Les enfants arrivent, ils sont quatre. Myriam découvre, grâce à une amie féministe, la pilule contraceptive. L'argent économisé, rangé dans une petite boîte de biscuits en fer blanc, pour la construction d'une maison au pays, finira à servir à l'achat de la machine à laver, du frigo, du téléviseur et des lits pour les enfants. L'intégration commence, le rêve de retour s'estompe peu à peu. Est-ce une histoire personnelle, est-il demandé au réalisateur ? « J'en suis proche », répond-il. « La vie de mes parents a défilé sous mes yeux, je me suis aussi documenté. » Il raconte comment lui est venue l'idée du projet : « Je devais construire un mur à la maison, mon père revient avec un maçon de 70 ans. Celui-ci me raconte qu'il doit sa vie à la naissance de son fils (le 17 octobre 1961, au lieu d'aller manifester à l'appel du couvre-feu imposé par le préfet Maurice Papon, il se rend à l'hôpital rendre visite à sa femme). Ce récit a inspiré une scène du film de Malik Chibane, Kader se fait remplacer à la manifestation par Mustapha (Abel Jaâfri), son beau frère, pour se rendre à la maternité où sa femme venait d'être transportée pour donner naissance à leur premier enfant, Yasmina. Mustapha ne revient pas de la manifestation, il est jeté dans la Seine par la police de Papon . Le deuxième enfant de Kader et de Myriam portera le prénom de son oncle. » « On s'est inspirés de petites histoires réelles », reprend Malik Chibane. « J'ai recueilli la parole d'anciens immigrés, j'ai demandé à des vieux comment ils ont fait pour passer leur examen du permis de conduire. » Une autre scène où la petite Yasmina apprend à son père à reconnaître les symboles du code de la route. Malik Chibane a réalisé, entre autres films, Hexagone (1992), Douce France (1995), Nés quelque part (1997), Voisins, voisines (2005)