Mark Zuckerberg, alors âgé de 19 ans, et deux autres étudiants de la prestigieuse université Harvard (Massachusetts, nord-est), Dustin Moscovitz et Chris Hughes, voulaient créer un réseau pour rester en contact avec leurs camarades : ce sera Facebook. Aujourd'hui, le site de socialisation, basé à Palo Alto (Californie, ouest), compte 800 employés et devance son principal concurrent, MySpace, avec une audience en augmentation de 127% en 2008, selon le cabinet spécialisé comScore. Très vite, Facebook a séduit d'autres étudiants que ceux d'Harvard et a bientôt conquis des millions de fans dans tout le pays puis dans le monde. De fait, toute personne âgée d'au moins 13 ans, disposant d'une connexion internet, peut créer son profil sur le site, raconter sa vie, publier des photos et y attirer des « amis ». Des amis pleins de bonnes intentions ou... des prédateurs sexuels, ou encore des racistes, des fanatiques religieux, accusent ceux qui mettent en garde contre le danger de ce genre de sites. « Facebook a été fondé en 2004 pour donner aux gens des outils pour être en contact et comprendre le monde autour d'eux », écrit M. Zuckerberg dans un message posté sur le blog de Facebook. « Nous sommes heureux et comblés de voir qu'autant de personnes utilisent Facebook ». Pour célébrer ce 5e anniversaire, les utilisateurs sont invités à envoyer à leurs amis en ligne un cadeau virtuel. Baptisé « Merci », il est censé célébrer les « liens » unissant les utilisateurs, selon M. Zuckerberg. Selon le magazine Forbes, la fortune personnelle du jeune homme, aujourd'hui âgé de 24 ans, s'élève à 1,5 milliard de dollars. « Construire et évoluer rapidement pendant les cinq dernières années n'a pas été facile, mais nous n'avons pas fini », explique le fondateur, « les défis qui nous attendent doivent nous pousser à toujours innover ». Devenir rentable, c'est en tout cas l'un des défis auquel devra s'atteler Facebook, contrairement aux autres géants d'internet comme Yahoo ! ou Google, le site n'a pas encore trouvé comment transformer en argent sa formidable audience. Microsoft a pris une participation de 1,6% dans la société en 2007 pour 240 millions de dollars, valorisant sur le papier l'entreprise à 15 milliards. Mais « il n'y a aucune source de revenus significative autre que l'argent apporté par les investisseurs », relève Rob Enderle, analyste de la Silicon Valley. Facebook a beaucoup de potentiel, mais vit encore avec la mentalité des premières heures d'internet. « Et on a vu que cela avait très mal fini » avec l'éclatement de la bulle internet, poursuit-il. Une émission de titres ne semble pas être à l'ordre du jour. « Faire une offre publique quand vous n'avez pas de revenus ? Bonne chance, particulièrement sur ce marché », estime l'analyste du groupe Enderle. La publicité pourrait être une source de recettes, mais cela ne semble pas coller avec la philosophie Facebook. Pourtant, cela pourrait être fructueux : connaître tant de choses sur un nombre incroyable de personnes « permet de cibler » le public, note-t-il. En tout cas, selon lui, quoi que l'entreprise choisisse comme modèle de développement, « elle n'a pas un temps infini devant elle. Il faut qu'elle devienne adulte et rapidement, sans attendre cinq ans de plus... Et grandir, veut dire payer les factures ! » A.F.P., Samir Ben