La torture est une barbarie ignoble pratiquée par les terroristes et les Etats de non-droit. Mais les Etats-Unis de Bush, qui assument maintenant un impérialisme décomplexé (comme Sharon son inhumanité), peuvent-ils encore prétendre, après Abu Ghraib, être un Etat de droit ? L'hyperpuissance, croyant avoir tiré la leçon du Vietnam en matière de communication, avait, pendant la guerre de Bush père, complètement cadenassé l'information et manipulé l'opinion publique. L'accélération exponentielle de la technologie de l'information a pris de vitesse les censeurs de Bush-le-fils, et le scandale d'Abu Ghraib a éclaté grâce aux photos numérisées transmises sur Internet. Aujourd'hui, la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet révèle, dans un rapport, l'implication directe de médecins militaires américains dans la conception et l'exécution des tortures infligées aux prisonniers irakiens et afghans (voir l'article de François Cardona dans El Watan du 21 août 2004). Cette affaire mérite d'autant plus d'attention, déclare le Dr Miles, bioéthicien, auteur du rapport, que «le personnel médical est la première, et dans certains cas la dernière barrière contre les violations des droits humains des prisonniers de guerre». La presse nord-américaine n'a pas semblé témoigner une attention très soutenue au sujet. Au Canada, elle a préféré consacrer ses unes à la mort (naturelle) puis aux funérailles du parrain de la mafia montréalaise, Frank Cotroni.