Les jeux étant faits ou défaits, on peut s'amuser à imaginer ce face-à-face philosophique : un candidat qui refuse de se présenter face à un électeur qui refuse de voter. Les refus ne s'additionnant pas en politique et l'obstination étant également partagée de haut en bas de l'échelle du pays, quel peut-être le dialogue entre ces deux personnages ? A première vue aucun, l'un refusant obstinément de dire quoi que ce soit au second et ce dernier n'ayant rien à dire de particulier au premier. A seconde vue pourtant, passé le round d'observation entre les deux acteurs-clés et la méfiance de mise, une mécanique d'induction peut se mettre en place. Du genre « si tu votes je me présente, mais si tu ne votes pas je me présente aussi ». Avec la réponse de l'autre : « Si tu te présentes, je ne vote pas, mais si tu ne te présentes pas, je veux bien voter. » La suite de ce dialogue silencieux semble évident : « Avec ou sans toi, je passe, le système est ainsi fait. » Réponse : « Avec ou sans toi, on est mal partis puisque c'est la faute au système. » Au troisième round, les sentiments entrent en scène : « Je ne suis pas obligé de t'aimer pour être président. » Réponse : « J'ai jamais aimé les présidents. » On peut en venir rapidement aux mains : « Si tu ne votes pas, j'appelle Yazid qui va t'enlever ton passeport. » Avec la réponse : « Si tu fais ça, je fais une émeute et d'ailleurs je n'ai pas de passeport. » La situation peut rapidement dégénérer : « Si je veux, je passe une loi qui condamne à mort les abstentionnistes. » Réponse : « Si tu fais ça, je fais un attentat kamikaze dans chaque bureau de vote. » Stop, il faut s'arrêter là, il y a mort d'homme. Ce dialogue est d'ailleurs une blague, du genre de celles que l'on fait quand on voit que l'on n'a aucune prise sur la réalité et le résultat des scrutins. En fait, il n'y a jamais eu de dialogue. D'où le problème.