D'anciens aviculteurs ont bien tenté, à la faveur de l'amélioration des conditions sécuritaires, de reprendre en main ce créneau, mais les donnes avaient changé entre-temps. Le circuit est entre les mains d'une poignée de riches propriétaires, beaucoup plus intéressés par l'aspect économique que par le souci de garantir l'autosuffisance alimentaire. Les troupes du département de Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture, sont mobilisées dans la wilaya de Aïn Defla. Objectif : expliquer aux cadres et aux agriculteurs la stratégie élaborée par l'Etat dont le but est d'opérer un véritable décollage du secteur en termes de production et d'amélioration des conditions de vie des familles vivant en milieu rural. Une équation que les responsables des services agricoles sont tenus de résoudre afin que le pays puisse réduire sa dépendance économique et garantir la sécurité alimentaire sérieusement menacée, particulièrement en ces jours de crise financière qui risque, selon les observateurs, d'avoir des répercussions partout dans le monde. Dans la wilaya de Aïn Defla, les craintes sont déjà manifestes comme assister à l'agonie d'une filière, celle de l'aviculture pourtant promue à un bel avenir dans le cadre de ladite stratégie. Ces craintes émanent de sources proches de cette filière et d'ex-éleveurs, lesquels se sont reconvertis dans la culture de la pomme de terre. En effet, nos interlocuteurs ont indiqué que « si l'Etat n'intervient pas pour réguler le marché des viandes blanches et de l'œuf, nous serons contraints d'aller vers l'importation et donc vers une dépendance économique en contradiction avec les objectifs fixés dans le cadre de la nouvelle approche initiée par les pouvoirs publics. Nos interlocuteurs rappelleront, par ailleurs, que la situation à Aïn Defla concernant l'élevage avicole a connu une descente aux enfers durant la décennie de terreur, expliquant que la majorité des volaillers avaient leurs batteries implantées en zones montagneuses infestées par de groupes armés. Conséquence, les éleveurs avaient alors fui en grand nombre les infrastructures. Actuellement, poursuivra le même orateur « il ne reste à Aïn Defla que trois batteries de volailles, alors que l'on comptait, à titre d'exemple, plus d'une cinquantaine dans la seule commune de Mekhatria, au nord-ouest du chef-lieu de wilaya. D'anciens aviculteurs ont bien tenté, à la faveur de l'amélioration des conditions sécuritaires, de reprendre en main ce créneau, mais les donnes avaient changé entre-temps, de sorte que tous les paramètres entrant dans le processus de production, à savoir celui de l'aliment, les produits phytosanitaires et les tarifs de l'électricité, ont tous été revus à la hausse, des facteurs de production ayant subi les à-coups liés à la hausse des prix des céréales dans le monde. Seules des mesures incitatives pourraient y changer quelque chose… Actuellement, ajouteront nos sources, le circuit est entre les mains d'une poignée de riches propriétaires, beaucoup plus intéressés par l'aspect économique que par le souci de garantir l'autosuffisance alimentaire. C'est pourquoi, selon un ancien éleveur, l'Etat aurait énormément à gagner en encourageant les professionnels du métier et qui ne peuvent, à eux seuls, reprendre leur place dans cette filière en prenant des mesures identiques à celles dont ont bénéficié d'autres segments, notamment par le soutien des prix de certains produits et l'accès aux crédits. Par ailleurs, ajoutera un agriculteur de la commune de Mekhatria, il serait souhaitable que les pouvoirs publics pensent à ouvrir un office qui aura pour mission d'écouler la production afin d'éviter la faillite des volaillers possédant des capitaux moyens, car, a-t-il encore expliqué, ce sont ceux-là qui pensent véritablement à casser les prix pour permettre aux plus démunis d'accéder aux viandes blanches. Le même interlocuteur pointera du doigt les propriétaires d'abattoirs qui, selon lui, participent à l'instabilité de ce marché. L'autre mesure, a encore indiqué la même source, serait de réaménager toutes les infrastructures et les équipements actuellement à l'abandon. Notre interlocuteur de Mekhatria en situation de faillite depuis 5 ans conclura en rappelant que la wilaya de Aïn Defla occupait la troisième place dans cette filière. D'ici à 2014 et dans le sillage de la nouvelle stratégie, il est demandé aux services concernés de réaliser une production de 180 000 q de viandes blanches. Signalons enfin que l'œuf dans la wilaya de Aïn Defla coûte actuellement 12 DA, le poulet vidé 290 DA et 160 DA au niveau des batteries de volailles.