Abdelaziz Bouteflika, chef de l'Etat sortant, a mis définitivement fin, ce jeudi, au faux suspense concernant sa participation à l'élection présidentielle d'avril 2009 qui a duré plusieurs semaines. A 15h52, après une demi-heure de discours dans lequel il a dressé le bilan de ses 10 ans au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika annonce, à la coupole Mohamed Boudiaf, devant un parterre de 7000 personnes, sa décision de se présenter à l'élection présidentielle d'avril prochain comme candidat indépendant. Un candidat sans casquette politique, mais qui est tout de même président d'honneur du FLN. Bouteflika confie avoir répondu ainsi « aux appels » de diverses couches de la population des quatre coins du pays qui lui ont demandé « avec insistance » de poursuivre sa mission de développement du pays. « Chacun comprendra qu'il m'est difficile de rester sourd à un appel aussi pressant car je serais alors en contradiction avec le serment qui m'a définitivement lié aux plus chers de mes compagnons, les glorieux chouhada de la Révolution du 1er Novembre 1954 et une attitude difficile à assumer devant les moudjahidine encore en vie », a fait savoir M. Bouteflika, révélant plus loin que sa décision a été aussi surtout motivée par l'appel du peuple qui lui a accordé sa confiance et l'a soutenu à travers quatre suffrages universels, qu'il s'agisse des élections présidentielles de 1999 et de 2004 ou des référendums sur la concorde civile et la réconciliation nationale. Ce faisant, l'orateur précise avoir accompli son devoir moral, laissant au peuple le soin de rendre souverainement et démocratiquement sa décision. Avant de rendre compte à l'assistance de l'usage qu'il a fait du mandat qui lui a été confié à deux reprises, Abdelaziz Bouteflika a d'abord tenu à adresser des remerciements appuyés aux partis de l'Alliance présidentielle, aux organisations et plus particulièrement aux associations patronales qui ont « relayé cet appel et l'ont traduit en prise de position clairement énoncée ». Avril 2009 et les souhaits du peuple Le candidat Bouteflika dresse, à cette occasion, le bilan de ses dix années à la tête de la nation en énumérant les réalisations effectuées durant cette période. Dans ce contexte, il affirme avoir consacré « ses premiers efforts – qui étaient d'ailleurs sa première préoccupation au lendemain de son élection, en 1999 – à la restauration de la paix et à la promotion de la réconciliation nationale ». Le chef de l'Etat a fait également valoir « les bienfaits » des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale qui, a-t-il dit, « ont déjà connu une très large mise en œuvre, rétablissant la concorde dans les cœurs et écartant tout risque d'exclusion des familles éplorées par la tragédie nationale ». Le second souci de Bouteflika a été de mettre un terme à l'isolement de l'Algérie sur la scène internationale car, a-t-il indiqué, nul ne peut le nier, notre pays était l'objet d'un embargo qui ne disait pas son nom. Il est redevenu aujourd'hui, selon lui, dans le monde arabe « un acteur engagé, écouté et consulté qui assume la totalité de ses devoirs ». L'Algérie est aussi liée, rappelle le candidat, à l'Europe par un traité d'association. « Cette relation s'est élargie à l'Union pour la Méditerranée dans laquelle l'Algérie a investi sans remettre en cause ses principes et ses engagements », a-t-il fait savoir. Bouteflika a surfé au passage sur la question de la révision de la Constitution. Pour ce dernier, toutes ces priorités ne l'ont pas détourné de la tâche primordiale qui est « le parachèvement de la construction du pays », puisqu'il a pu, d'après lui, durant dix années, mobiliser pleinement les ressources publiques et encourager l'investissement privé national et étranger dans tous les domaines. Il a été ainsi enregistré, selon le chef de l'Etat, près de 250 milliards de dollars investis, dont 160 milliards d'investissements publics dans divers secteurs ces 10 dernières années. Bouteflika a insisté pour dire que le taux de chômage, qui culminait à près de 30% en 1999, a été divisé par trois durant les dix dernières années puisqu'il a été ramené à moins de 12%. Bilan de dix ans de pouvoir De 1999 à décembre 2008, notre pays a vu, a indiqué M. Bouteflika dans son discours, le recrutement de près de trois millions et demi de personnes dans les administrations, les différents secteurs économiques, y compris l'agriculture et les multiples chantiers ouverts à travers le pays. Evoquant la crise économique, le candidat Bouteflika refuse d'être alarmiste. Il fait remarquer que l'Algérie a pu accumuler 140 milliards de dollars de réserves de change. Des réserves qui, a-t-il mentionné, « nous permettent de faire face à la crise économique internationale avec prudence certes, mais aussi sans crainte pour la poursuite de nos efforts de développement ». Autre disposition qui permettra aussi à l'Algérie de faire face aux années difficiles qui s'annoncent avec la baisse des recettes en provenance des hydrocarbures, lesquelles constituent encore la part dominante des recettes de l'Etat : les 4000 milliards placés dans le fonds de régulation des recettes ainsi que la dette publique intérieure ramenée de 1800 milliards de dinars à 700 milliards de dinars aujourd'hui. Bouteflika promet que s'il bénéficie une troisième fois de la confiance du peuple, il poursuivra « les efforts déjà entamés ». Le candidat à l'élection d'avril 2009 s'engage à poursuivre la promotion de la réconciliation nationale et à faire face par tous les moyens à la menace terroriste. Cela tout en disant garder la porte du pardon ouverte aux égarés qui sauront se ressaisir. Au plan économique, l'Etat, rappelle Abdelaziz Bouteflika, a mobilisé d'importantes ressources au service du développement du pays et compte porter cet engagement à l'équivalent de 150 milliards de dollars pendant les cinq prochaines années. M. Bouteflika a par ailleurs pris l'engagement d'éradiquer la crise de logement.