Le programme de réhabilitation du vieux bâti, lancé par les services de la wilaya de Constantine depuis l'année 2000, semble connaître de sérieux couacs du fait, notamment, de l'infructuosité des appels d'offres et du manque de moyens financiers. C'est du moins ce que laissent entendre les responsables du dossier qui tiennent, toutefois, à rassurer les habitants des immeubles concernés par la rénovation quant au parachèvement des opérations programmées. A cet effet, M. Benyounès, responsable du service chargé de la réhabilitation au niveau de la direction du logement et des équipements publics (DLEP) de Constantine, évoquera, en tout premier lieu, l'inquiétude de nombreux citoyens de la ville du vieux rocher qui saisissent régulièrement cette direction, appréhendant l'effondrement de leurs habitations bien avant que des travaux de réfection ne soient entrepris, et attribuera le statu quo dans lequel se trouvent les services concernés au nombre réduit des entreprises spécialisées dans la réfection, mais aussi l'écueil financier, d'autant que le parc immobilier ciblé est assez important. A ce sujet, il est à souligner que 49 925 constructions, représentant 47% du bâti, nécessitent une intervention au niveau de la wilaya de Constantine. Mais c'est essentiellement au chef-lieu de la wilaya où l'on recense le plus grand nombre de constructions en attente d'une réhabilitation pressentie par d'aucuns comme hypothétique. D'après les informations recueillies auprès des services de la DLEP, la commune de Constantine comptabilise, à elle seule, 65% de bâti vétuste, à savoir 34 533 habitations que celles-ci soient implantées dans la vieille ville, issues du tissu colonial ou bien érigées après l'Indépendance. Et pour retaper ce parc immobilier, qui se désagrége au fil du temps et des intempéries, l'opération requerrait, nous dit-on, environ 800 millions de dinars. Uniquement pour la commune de Constantine ! Or, la wilaya ne dispose pas d'un montant pareil. La somme cumulée, pour l'heure, dans le compte spécial alimenté à partir de la taxe sur l'habitat, estimée actuellement à 90 millions de dinars, apprend-on, s'avère insuffisante pour réhabiliter la totalité du vieux bâti dénombré. Afin d'y remédier, le wali de Constantine a réclamé une enveloppe financière conséquente destinée à relancer cette opération, actuellement en souffrance. De plus, le temps ne joue pas en faveur des milliers de demeures vétustes qui risquent de se délabrer davantage si les autorités centrales tardent à débloquer les fonds nécessaires. Des fonds qui pourraient, d'ailleurs, être revus à la hausse si les caprices de Dame nature devenaient plus préjudiciables. Un statu quo fort coûteux… Il y a deux ans à peine, la réhabilitation des vieilles bâtisses, menaçant pratiquement ruine pour certaines, de la commune de Constantine, était évaluée à …600 millions de dinars, soit 200 millions de moins qu'aujourd'hui. Au demeurant, si le lourd dossier de la restauration du parc vétuste de la ville du vieux rocher reste indéfiniment tributaire des moyens financiers, la facture risque de s'alourdir. Reste à savoir, par ailleurs, combien de temps encore les habitants devront-ils vivre dans l'expectative qui les fait trépigner d'impatience et de rage, souvent mal contenue. C'est le cas, notamment, des occupants des immeubles 32, 40 et 42 de la rue Didouche Mourad (ex-rue Caraman) qui affirment avoir adressé, en désespoir de cause, une lettre au wali, au mois de décembre dernier, sollicitant son intervention au sujet de la réhabilitation, maintes fois retardée de leurs immeubles datant de l'époque coloniale. Pourtant, dans le cas de ces bâtisses, le problème financier ne devrait pas constituer un souci majeur puisque « l'argent des travaux existe », nous dit-on à la DLEP, et les bureaux d'études ont également été choisis. L'unique point noir demeure la difficulté à dénicher une entreprise qualifiée, rompue à ce type de travaux, d'autant que les deux appels d'offres lancés, à cet effet, par l'OPGI, se sont avérés infructueux. Notre interlocuteur imputera, à ce titre, la rareté des entreprises expérimentées au « programme quinquennal qui a tout englouti ». Plus précis, il ajoutera : « La réhabilitation de vieilles bâtisses n'a rien à voir avec un chantier classique. De plus, les moyens de construction sont réduits et peu d'entreprises sont spécialisées dans ce domaine, car les travaux requièrent une technique spéciale, sachant qu'il faut effectuer les travaux alors que les locataires continuent à occuper les lieux ». Rassurant, au demeurant, à l'égard des habitants de la rue Didouche Mourad, dont les « immeubles sont maintenus pour la réhabilitation », le responsable du dossier au niveau de la DLEP affirmera, à ce propos, avoir saisi les services de l'OPGI « afin d'accélérer la procédure en recourant, le cas échéant, à une consultation interne », visant à sélectionner une entreprise en mesure de réaliser des travaux de réfection au niveau de ces immeubles, principalement les parties communes, à savoir cages d'escaliers, étanchéité et façades. Bref, si réaliser des logements, en nombre, constitue une priorité pour les décideurs, réhabiliter ce qui existe semble représenter, en revanche, un dossier de moindre envergure.