«Les défis que nous affrontons aujourd'hui nous commandent d'être vigilants face à tous ceux qui tentent de nuire à l'unité du pays», a déclaré le prince Abdallah à Dammam, dans la province orientale, où il doit donner samedi le coup d'envoi de la construction de la cité industrielle et pétrochimique Jubaïl II. «Ceux qui haïssent et méprisent le pays du monothéisme et de l'unité ne connaîtront pas le repos tant que nous sommes unis», a-t-il encore dit. Les autorités saoudiennes ont déclaré la guerre aux partisans d'Al Qaîda, responsables d'une vague d'attentats qui a fait des dizaines de tués dans le royaume. Ces appels répétés des autorités saoudiennes à la mobilisation nationale pour faire face au terrorisme qui a pris racine dans le pays, comme le démontre la série d'attentats sanglants enregistrés dans le royaume, coïncident avec les préparatifs lancés en vue d'organiser les premières élections dans le royaume. Il s'agit des premières élections municipales prévues en 2005. Les autorités saoudiennes qui sont l'objet de vives critiques à l'extérieur par les organisations internationales des droits de l'homme pour leur conservatisme politique et l'absence des libertés politiques ont consenti à ouvrir une toute petite lucarne dans le système politique et institutionnel hermétiquement fermé en appelant à l'organisation des premières élections dans le pays. Contre toute attente, l'engouement des Saoudiens pour ce premier scrutin dans la vie du royaume n'aura pas été à la mesure de l'attente des autorités du pays qui voulaient en faire un acte politique majeur d'une transition politique en douceur annoncée qui ne remet pas en cause les fondements du royaume. Selon des informations publiées cette semaine par la presse locale, les Saoudiens ne semblent pas en effet particulièrement emballés par ces réformes ou réformettes. Seuls 37% des hommes en âge de voter se sont inscrits sur les listes électorales de la capitale. Les chiffres officiels n'ont pas encore été rendus publics, mais sur les 400 000 Saoudiens de Riyad en âge de voter, seuls 148 000 se sont inscrits sur les listes électorales, a précisé le quotidien Al Riyadh. Le coup d'envoi des élections municipales partielles sera donné le 10 février. Le scrutin se déroulera ensuite par étapes dans le reste du territoire saoudien. Certains analystes estiment que cette désaffection était la conséquence d'une campagne de sensibilisation tardive et brève. «Beaucoup de gens ne savent rien sur les élections. La plupart d'entre eux ne lisent pas les journaux et ne regardent pas la télévision», affirme-t-on. Le manque d'information sur le rôle des conseils municipaux et la déception des réformateurs qui attendaient des réformes politiques plus profondes pourraient expliquer aussi ce manque d'enthousiasme des habitants de Riyad. Les élections municipales seront organisées à partir du 10 février à Riyad et se dérouleront en trois étapes jusqu'au 21 avril. La moitié des membres des 178 conseils municipaux formés dans les 13 provinces du royaume sera élue, les autres seront désignés par le gouvernement. Outre Riyad, le découpage électoral du royaume compte deux autres régions : celle des provinces de l'Est et du Sud-Ouest où le vote aura lieu le 3 mars, et celle de La Mecque et de Médine, les lieux saints de l'Islam (ouest) et les provinces du Nord, où les élections auront lieu le 21 avril. Les femmes dans ce pays où elles n'ont même pas le droit de conduire une voiture ne sont bien évidemment ni éligibles ni électrices.