Cette rencontre de deux jours, qui sera clôturée aujourd'hui, au centre de la Munatec de Tipaza permettra aux femmes venues des différentes wilayas du pays de débattre des questions liées à leurs droits fondamentaux, à savoir les droits professionnels et juridiques. Un aspect autour duquel est encore portée la lutte des femmes algériennes. La révision ou l'abrogation du code de la famille viendrait réhabiliter la femme dans tous ses droits civils et égalitaires tels qu'ils sont consacrés par la Constitution. Dans son allocution d'ouverture, la présidente de la commission des femmes travailleuses, Soumia Salhi, a énuméré les trois principaux points à l'ordre du jour de cette rencontre. Il s'agit de l'amendement du code de la famille, de l'évaluation de l'application par l'Algérie de la Convention internationale pour l'élimination de toute forme de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) et enfin du processus de privatisation des entreprises publiques qui menace les femmes travailleuses. Pour Soumia Salhi, le code de la famille actuel menace directement les droits professionnels et les droits civiques de femmes. «L'égalité reconnue par la Constitution et par tous les compartiments de la législation est suspendue (…). Que reste-t-il de nos acquis lorsque le droit de disposer de sa vie n'est pas reconnu lors du mariage ou du divorce, lorsqu'une mère qui veut travailler risque de perdre la garde de ses enfants ?», a-t-elle souligné. Pour la présidente de la commission des femmes travailleuses, les amendements proposés par le gouvernement constituent une avancée même s'ils ne corrigent pas toutes les injustices du code de la famille qu'il faudrait abroger et remplacer par des lois égalitaires. Quant à la CEDAW, ratifiée rappelons-le en 1996 par l'Algérie, Soumia Salhi estime que le fait qu'elle soit ratifiée avec réserve est une forme de discrimination à l'égard des femmes. Le gouvernement algérien présentera le 11 janvier prochain devant la communauté des Nations Unies la situation des femmes au regard de cette convention. Un contre-rapport sera également présenté par des représentantes des associations de femmes algériennes. «Le gouvernement ne pourra pas se contenter, comme en 1999, d'informer d'un nouveau projet d'amendement du code de la famille. Qu'en est-il de la promesse présidentielle du 8 mars 2001 de lever des réserves sur cette convention. Quand on sait que ces réserves contreviennent au message principal de la convention internationales ?», s'est-elle interrogée. «Les droits des femmes sont également, ajoute Soumia Salhi, menacés par le nouvel ordre libéral qui remet en cause tous nos acquis sociaux, nos droits professionnels», dira-t-elle avant de signaler que la précarité de l'emploi tend à se généraliser dans les secteurs public et privé. «D'abords la précarisation avec la généralisation des contrats à durée déterminée (CDD) depuis plusieurs années, avec ces emplois jeunes payés en-dessous du SNMG en violation de la légalité. Une précarisation confirmée par le projet de statut de la Fonction publique, par les privatisations et par le secteur informel qui nie tous les droits sociaux», a-t-elle signalé. La juriste Nadia Aït Zaï a, quant à elle, axé son intervention sur le droit juridique des femmes à travers la présentation des législations sur la famille. Par son analyse comparative, Nadia Aït Zaï a précisé que le code de la famille tunisien est le plus en avance par rapport aux codes marocain et algérien. Par ailleurs, des ateliers portant les amendements au code de la famille proposé par le gouvernement et l'examen des réserves du gouvernement sur la CEDAW sont programmés. Sidi Saïd, le secrétaire général de l'UGTA, «a de son côté insisté sur la participation de la femme dans les représentations syndicales. Vous avez gagné du terrain, il ne faut pas le perdre», s'est-il adressé aux femmes syndicalistes.