Ce n'est pas un chèque en blanc que nous proposons au pouvoir concernant l'amnistie générale, mais une volonté sincère d'apaisement et de stabilité politique. Nous ne pourrons nous y opposer car l'idée même de l'amnistie est, rappelons-le, l'une des exigences mises en avant par notre mouvement pour un règlement politique définitif de la crise. Nous ne sommes pas de ceux qui veulent la soumettre à négociation pour opérer un éventuel repositionnement post-électoral », a déclaré Abdallah Saâd Djaballah, président du MRN, lors du meeting organisé, jeudi après-midi, à Sidi Bel Abbès. N'étant pas tout à fait au courant des dispositions exactes que renferme ce projet de même que celui de la réconciliation nationale, reconnaîtra-t-il, Djaballah suggéra en filigrane « l'amorce d'une large consultation politique associant les chefs de parti au préalable ». « Le jour où le pouvoir déterminera clairement ses choix, nous ferons de même », précisera-t-il. Djaballah, qui s'est dit entièrement opposé à ce qui pourrait être perçu par d'autres parties comme une « réelle opportunité en mesure de réhabiliter les pieds-noirs et les harkis », récusera ainsi l'idée d'une « réconciliation historique ». L'orateur dressera, en ce sens, le profil des parties concernées par ce projet qui devra, selon lui, être avalisé par les représentants du peuple avant son adoption par voie référendaire. « Il ne devra exclure personne. Les éléments des forces de l'ordre (ANP et services de sécurité) impliqués dans les événements qu'a connus le pays devront, eux aussi, en bénéficier », dira-t-il. Prenant le soin de dissocier le projet d'amnistie générale de celui de la réconciliation nationale, il fera remarquer à l'assistance que « l'amnistie générale est, avant toute autre chose, un instrument juridique pour résoudre la crise dans son aspect sécuritaire uniquement ». Revenant sur la crise qu'a connue El Islah récemment, Djaballah a assuré qu'« elle n'a fait que renforcer son mouvement », en faisant remarquer qu'« elle a coïncidé comme par hasard avec le déploiement du MRN sur le terrain pour contrecarrer la campagne pour l'amendement du code de la famille ». Pour lui, il est clair que des membres du RND ont été derrière cette crise, très appuyée médiatiquement. « Nous ne savons pas cependant s'ils l'ont fait à titre personnel ou dans un cadre concerté et ordonné, approuvé par leur direction politique », s'interrogera-t-il. Sur un autre chapitre, le président du MRN émettra des réserves au sujet de la volonté du pouvoir « d'accompagner le processus de stabilité politique et de consolidation démocratique dans le pays ». « Il y a aujourd'hui plus de crimes, de chômage et de pauvreté qu'avant, car le champ politique et médiatique est maintenu sous embargo et demeure encore fermé aux partis de l'opposition », s'inquiètera-t-il.