Les transporteurs privés ont observé, hier, une journée de protestation qui a touché presque toute la corporation. Mis à part les microbus et autres J 9 qui desservent la banlieue immédiate de la capitale, les lignes interurbaines étaient quasiment gelées. Le mouvement était plus prononcé sur la ligne Boumerdès-Alger. Les banlieusards de l'Est algérois ont eu du mal à rejoindre leur lieu de travail et les établissements scolaires en ce qui concerne les lycéens. Au niveau des arrêts de Bab Ezzouar, des centaines d'usagers, en quête d'un hypothétique bus, ont dû recourir à l'onéreux taxi pour gagner Alger. A Rouiba, lieu du « piquet de grève », des bus de type 49V8 étaient alignés, vides et portant des pancartes expressives, à la sortie de la ville. La plupart des grévistes se sont donné rendez-vous au niveau de ce point, à mi-chemin entre Alger et Boumerdès. « Nous ne sommes pas des criminels, nous sommes une corporation honnête, saine et qui assure un service public selon les cahiers des charges régissant notre secteur », nous a déclaré Brahim Ould Hamri, transporteur et responsable syndical à l'Union nationale des transporteurs algériens (UNATA-Boumerdès). Tenant à préciser que le mouvement n'est qu'une journée de protestation, le représentant syndical explique le motif de cette action : « Il n'est plus possible d'exercer le métier. Le transporteur est harcelé dès qu'il démarre de chez lui. Il ne peut plus rouler sans qu'il subisse les humeurs des agents chargés de la circulation routière. Et lorsqu'on daigne solliciter l'arbitrage ou la protection de la tutelle (direction des transports d'Alger), l'on est sûr d'essuyer une fin de non-recevoir ». Son collègue évoquera quant à lui les « irrégularités » flagrantes constatées dans la gare routière du 2 Mai (Alger). « On nous oblige à payer le droit d'entrée, ce que nous faisons. Mais lorsque mon véhicule tombe en panne, on n'hésite pas à me facturer toute la durée où je n'exerce pas. Aujourd'hui, on m'interdit l'accès. Pis encore, on m'exige de payer des arriérés de l'ordre de 9,6 millions de centimes », affirme-t-il. Un troisième « gréviste » nous exhibe, de son côté, un PV dressé par un policier le 25 décembre 2004. « Une décision que je ne contesterais pas si l'agent s'était limité à me verbaliser. En plus du procès, il m'a retiré les papiers du véhicule alors que seule une commission siégeant au niveau de la direction des transports est habilitée à le faire. A cause de cela, mon véhicule est resté immobilisé pendant 25 jours », soutient-il. Alors que l'UNATA, par le biais de son représentant au niveau de la wilaya de Boumerdès, était partie prenante dans le piquet de grève à Rouiba, le bureau national de l'Organisation nationale des transporteurs algériens (ONTA) se démenait, selon son coordinateur national, à apaiser le climat. « Nous avons désigné des délégués, à leur tête le secrétaire général de l'union de la wilaya d'Alger, à prendre attache avec la tutelle », nous dira M. Amriou. Selon l'ONTA, le mouvement de protestation a été enclenché, entre autres, suite à la décision des pouvoirs publics de supprimer des arrêts au niveau de la RN 5, notamment celui d'El Hamma. « Nous sommes pour l'organisation du secteur, mais nous estimons qu'une telle décision aurait pu être prise après les fêtes de l'Aïd », enchaîne Bachir Benbaâziz, premier responsable de l'ONTA au niveau de la wilaya d'Alger. Par ailleurs, nous avons tenté, en vain, de joindre le directeur des transports afin de recueillir sa version des faits. « Il est sur le terrain », nous a-t-on affirmé.